GIOLITTI GIOVANNI (1842-1928)
Homme d'État italien, né le 22 octobre 1842 à Mondoví (royaume de Sardaigne, auj. Italie), mort le 17 juillet 1928 à Cavour (Italie).
Diplômé en droit de l'université de Turin en 1860, Giovanni Giolitti intègre la fonction publique, où, vingt années durant, il se forge une solide expérience en tant qu'inspecteur général des Finances, puis secrétaire général de la Cour des comptes, puis conseiller d'État. C'est sans grand enthousiasme qu'il devient député au Parlement italien en 1882 – siège qu'il va finalement occuper jusqu'à sa mort.
L'opinion publique découvre Giolitti en février 1886 lorsqu'il condamne l'action du ministre des Finances Agostino Magliani, auquel il succède en mars 1889. La nomination de Giolitti comme président du Conseil en mai 1892 – fonction qu'il exerce à cinq reprises jusqu'en 1921 – crée la surprise générale au regard de son parcours de bureaucrate. Se faisant l'artisan de la prospérité du pays, il définit, dans ses grandes lignes, un programme de réforme et d'assainissement. Mais bientôt éclaboussé par un scandale bancaire, dans lequel nombre de dirigeants de l'État sont impliqués, et confronté au mécontentement suscité par son parti pris de modération face aux grèves déclenchées en Sicile, il est contraint de démissionner en novembre 1893. Plus largement, on assiste à la vive mise en cause du « giolittisme », stratégie grâce à laquelle Giolitti, étranger à toute loyauté politique, se maintient au pouvoir moyennant corruption, pressions électorales et arrangements personnels.
En 1894, Giolitti fait l'objet de violentes attaques de la part du nouveau président du Conseil Francesco Crispi pour sa responsabilité dans un autre scandale bancaire. Si Giolitti parvient à se disculper, ce faisant, il compromet Crispi, qui voit sa carrière prendre fin en mars 1896. Giolitti endosse dès lors un rôle d'éminence grise dans la formation des gouvernements. La grève générale éclate en 1901. Giolitti affirme à cette occasion, dans un discours majeur, qu'il revient au gouvernement de maintenir l'ordre tout en conservant son impartialité dans les conflits sociaux. Que ce soit durant ses mandats de ministre de l'Intérieur (février 1901-juin 1903) ou de président du Conseil (novembre 1903-mars 1905), Giolitti affiche systématiquement la pondération face aux mouvements sociaux, posture qui lui vaut à la fois éloges et critiques. Mais l'agitation qui touche le sud du pays est, comme auparavant, sévèrement réprimée. Les nombreux adversaires de Giolitti, parmi lesquels les socialistes jusqu'à l'homme d'État Gaetano Salvemini, lui reprochent sa gestion de la question méridionale, les parlementaires du Mezzogiorno s'assurant leur élection par la corruption et la violence, et l'élan réformiste de l'époque n'y trouvant aucun écho. Giolitti quitte une deuxième fois ses fonctions non sans veiller à y être remplacé par l'un de ses partisans. Son troisième gouvernement, formé en mai 1906, se caractérise par des réformes pertinentes, ainsi que l'octroi de concessions à l'Église en matière d'éducation. En décembre 1909, Giolitti démissionne alors qu'il jouit encore d'un grand crédit. Il entame son quatrième ministère en mars 1911. Il cède aux pressions des nationalistes qui le poussent à entrer en guerre contre la Turquie (1911-1912), conflit au terme duquel le traité d'Ouchy consacre l'annexion de la Libye par l'Italie. Sur le front intérieur, Giolitti instaure le suffrage universel pour les élections de 1913. Mais, voyant sa capacité à gérer le pays de plus en plus contestée, il démissionne en mars 1914.
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