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CAMBINI GIOVANNI GIUSEPPE (1746-1825)

Né à Livourne, élève du fameux padre Martini à Bologne de 1763 à 1766, Cambini, âgé de vingt ans, fait représenter en 1766, à Naples, un opéra qui n'a aucun succès. Il est capturé avec sa fiancée sur le chemin du retour par des pirates barbaresques qui les vendent tous deux comme esclaves. « Ce n'est pas encore le plus cruel de ses malheurs », commentera Grimm dans sa Correspondance littéraire. « Attaché au mât du vaisseau, il vit cette maîtresse, qu'il avait respectée jusqu'alors avec une timidité digne de l'amant de Sophronie, il la vit violer en sa présence par ces brigands, et fut le triste témoin... etc.[sic dans le texte]. » Nul ne s'est soucié de savoir ce qu'il est advenu de l'infortunée jeune femme ; quant à Cambini, un riche marchand vénitien, l'ayant remarqué, le rachète et lui rend sa liberté. En 1770, il arrive à Paris, où il restera jusqu'à la fin de ses jours. En 1778, il y rencontre Mozart. Pendant une vingtaine d'années, il occupe divers postes, compose beaucoup, et obtient auprès du public une audience certaine, en particulier quand Gossec exécute ses symphonies aux Concerts spirituels. On trouve son nom au premier rang de ceux qui, après la chute de l'Ancien Régime, participent aux fêtes révolutionnaires organisées par David. Il compose alors une quinzaine d'hymnes patriotiques, à l'Être suprême, à la femme républicaine, contre les rois, contre les prêtres, contre les Anglais. En 1794 s'amorce son déclin, qui n'est sans doute pas sans rapport avec la chute de Robespierre. Il tâte, dans les premières années du xixe siècle, de la critique musicale, et se voit peu à peu réduit, comme compositeur, aux arrangements d'airs à la mode. Il passe ses dix dernières années à l'hospice des pauvres à Bicêtre, et y meurt complètement oublié, laissant plus de cent quarante quatuors à cordes (dont certains attribués à Boccherini), cent douze quintettes pour deux violons, deux altos et violoncelle, soixante symphonies, vingt-neuf symphonies concertantes, sept concertos, vingt opéras, deux oratorios, de la musique religieuse, diverses musiques de chambre, des cantates, une méthode de solfège. L'oubli dans lequel étaient tombées ses œuvres est injuste ; elles renaissent heureusement depuis la fin des années 1980 ; l'écoute de son Troisième Quatuor à cordes en si mineur nous frappe par son préromantisme : sens de la durée proprement psychologique dans la méditation en musique, sensibilité déjà moderne par les oppositions du mélodique et du rythmique, violence farouche du finale succédant aux inflexions nuancées du largo médian.

— Marc VIGNAL

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