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MANNOZZI GIOVANNI (1592-1636)

Fuyant la maison paternelle de San Giovanni-Valdarno pour échapper au séminaire, Mannozzi se rend en 1610 à Florence, et commence son apprentissage de peintre chez Matteo Rosselli, qui fait alors figure de chef d'école. Il a pour condisciples Francesco Furini, Lorenzo Lippi, Il Volterrano, qui allaient travailler comme lui pour les grands-ducs Cosme II et Ferdinand de Médicis, notamment au palais Pitti. Selon Baldinucci, Giovanni mène à Florence une vie remplie de bizarreries, d'extravagances et de travaux acharnés, passant ses journées à peindre et ses nuits à lire. Instable, mordant, indépendant, il n'en est pas moins pensionné par Cosme de Médicis, et acquiert bientôt une réputation de fresquiste habile. Cette technique était en effet la mieux adaptée à son imagination sans cesse en mouvement, à son tempérament vif, intuitif, qui le porte aux touches rapides et sans reprises propres à la fresque. Ses œuvres joignent ainsi à un caractère narratif très florentin, une fraîcheur d'invention, une vivacité qui lui permettent de saisir, comme sur le vif, la réalité quotidienne, le geste pittoresque pour les transposer dans des scènes mythologiques ou religieuses (Le Repos pendant la fuite en Égypte, 1621).

À la mort de Cosme de Médicis, son protecteur, Mannozzi part pour Rome. Il fréquente peu les peintres, étudie les Carrache, découvre dans l'œuvre de Guerchin (qui peint cette année-là L'Aurore au casino Ludovisi) un sens nouveau de l'espace, du paysage, des compositions amples, des raccourcis accentués. À Rome, il laisse un brillant exemple de sa liberté d'invention et de sa virtuosité dans l'église des Quatre-Saints-Couronnés (Histoire des Quatre Saints, Gloire des élus, 1624). Revenu à Florence, il peint pour le réfectoire de la badia de Fiesole un Christ servi par les anges (1629) qui, selon Baldinucci, « comporte quelques légèretés convenant mal à un tel lieu ». En 1635, il entreprend sa dernière œuvre, le décor de la Sala degli argenti au palais Pitti, qui sera achevé après sa mort par Furini, Cecco Bravo et Ottavio Vannini. Les perspectives savantes du plafond, les architectures en raccourci, les colonnades en trompe-l'œil rythment de grandes compositions claires évoquant le glorieux mécénat de Laurent Le Magnifique, que Ferdinand et son père avaient tenté de faire revivre. La venue de Pierre de Cortone, l'année suivante, allait ouvrir de nouveaux horizons aux décorateurs florentins.

— Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE

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