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PIE IX, GIOVANNI MARIA MASTAI FERRETTI (1792-1878) pape (1846-1878)

La question romaine et l'antilibéralisme

Au début de son pontificat, Pie IX apparut – beaucoup plus qu'il ne l'était en réalité – disposé à composer, voire à prendre la tête du mouvement en faveur de l'unité italienne et des libertés constitutionnelles. Mais, après quelques mois d'une immense popularité, le mythe du « pape libéral » se dissipa au cours de la crise de 1848. D'abord on se rendit compte que, sincèrement désireux d'améliorer la situation de ses sujets par des réformes administratives, Pie IX répugnait par contre aux réformes politiques, craignant, s'il cédait à des laïcs quelque chose de sa royauté sacerdotale, de limiter l'indépendance spirituelle du Saint-Siège. Puis l'allocution du 29 avril 1848 rendit manifeste que, malgré ses sympathies pour la cause italienne, il n'accepterait jamais de jouer un rôle actif dans la guerre d'indépendance contre l'Autriche, incompatible à ses yeux avec la mission religieuse du père commun des fidèles. Les difficultés économiques et le manque d'habileté du pontife achevèrent de précipiter la crise : le 24 novembre 1848, Pie IX devait s'enfuir devant l'émeute et se réfugier à Gaète, en territoire napolitain ; quelques semaines plus tard, la république était proclamée à Rome. Le pape, soutenu par la diplomatie européenne, fut rétabli sur son trône grâce à l'intervention du corps expéditionnaire français du général Oudinot.

La restauration très réactionnaire qui suivit, sous la direction du cardinal Giacomo Antonelli, secrétaire d'État de 1848 à 1876, fut rendue plus impopulaire encore par la présence des troupes étrangères. Assurément, le petit peuple s'accommodait du gouvernement paternaliste du pape, qui put mettre à son actif un bon nombre de réalisations matérielles dont l'importance fut trop négligée par les historiens libéraux ; mais les classes cultivées étaient exaspérées par un régime qui ne laissait aucune responsabilité politique aux citoyens. Il ne fut pas difficile à Cavour d'exploiter cette situation et de procéder, à la suite de la guerre de 1859, à l'annexion de la Romagne (mars 1860), puis des Marches et de l'Ombrie au lendemain de la défaite de la petite armée pontificale à Castelfidardo (sept. 1860). Pendant dix ans, le soutien de Napoléon III, qui ne voulait pas exacerber le mécontentement des catholiques français, permit au pape de conserver Rome et ses environs. Mais, profitant de la guerre franco-allemande, les troupes italiennes occupèrent Rome le 20 septembre 1870. Pie IX, qui se regardait moins comme un souverain détrôné que comme le détenteur d'un bien dont il était responsable vis-à-vis de la catholicité tout entière, estima impossible de s'incliner devant le fait accompli et, après avoir refusé d'accepter la « Loi des garanties » que lui proposait l'Italie, il se considéra comme « prisonnier » au Vatican.

La sécularisation de l'État pontifical paraissait inévitable depuis des années, mais, préoccupé de maintenir la pleine indépendance spirituelle de la papauté, Pie IX, mal conseillé, ne comprit pas que le problème devait être posé sur de nouvelles bases. Non seulement le Saint-Siège, par sa hantise de la « révolution » qui menaçait l'existence de l'État romain, se solidarisa avec les gouvernements conservateurs dont l'appui lui semblait dans l'immédiat la garantie la plus efficace, mais en outre, constatant que c'était au nom de la conception libérale de l'État et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes que la forme traditionnelle de l'État pontifical était attaquée, Pie IX multiplia les protestations contre les principes de 1789. Influencé par la philosophie politique de type traditionaliste qui était courante dans les milieux catholiques de l'époque, il fut incapable[...]

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Pie IX - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Pie IX

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