MICHELUCCI GIOVANNI (1891-1990)
L'architecte Giovanni Michelucci est mort dans sa maison de Fiesole, près de Florence, le 31 décembre 1990. Il aurait fêté ses cent ans le 2 janvier 1991.
Michelucci a terminé l'École des beaux-arts de Florence en 1911 et obtenu un diplôme de « dessin architectural » en 1914. L'architecture italienne vit alors sa période Liberty (Art nouveau). Michelucci en subit l'influence, car il travaille dans l'atelier familial de ferronnerie d'art, où il apprend la valeur du travail bien fait. Cette activité d'artisan le marquera durablement.
Entre 1910 et 1940, il construit quelques édifices dans l'esprit prôné par l'Italie fasciste. Dès 1928, il enseigne à l'École d'architecture de Florence ; excellent pédagogue, il formera plus d'une génération d'architectes. Il dirige les travaux d'un « groupe toscan » de jeunes architectes (Baroni Berardi, Gamberini, Guarnieri, Lusanna) pour le célèbre concours de la nouvelle gare de Florence (1933), située en face de 1'abside de l'église Santa Maria Novella. Cette œuvre (1936) révèle à la fois la méthode de projet et d'utilisation des matériaux de Michelucci et surtout sa conception de la continuité de la ville dans l'architecture. La gare, considérée comme l'une des plus belles du monde, reste aussi l'œuvre la plus importante de l'architecture rationaliste italienne.
Dès 1936, la ville représente pour Michelucci la véritable dimension de l'architecture, non pour bâtir des idéologies urbaines, mais pour proposer des opérations, fondées sur des méthodes concrètes d'intervention et sur des critères culturels précis Ces principes d'une architecture, perçue comme « continuité de la ville », sont exposés dans ses écrits des années 1940 ; ses esquisses de 1945 pour la reconstruction de la zone du Ponte Vecchio, détruite par les troupes allemandes, s'en inspirent directement. Michelucci lance alors une revue, La Nuova Città (1945-1954), dont le programme est « de trouver en dehors des rapports traditionnels, de nouvelles relations plus authentiques entre la vie et l'architecture ».
Entre 1947 et 1955, ses réalisations architecturales sont exemplaires d'une période de « recherche rigoureuse » : la Borsa Merci de Pistoia (1950) et 1'église de Collina di Pontelungo (1953). La première développe le thème d'une construction « moderne » dans un contexte historique, la seconde répond à son insertion dans le site. Le respect du contexte est en effet le champ de bataille des architectes italiens de cette période qui, comme Michelucci, seront accusés par les critiques de régionalisme, voire de « toscanisme » suffocant. Pour respecter l'environnement, pour lutter contre la spéculation foncière et la dégradation du paysage naturel et bâti, Michelucci refusera alors certaines commandes. Pour protester contre les idées urbanistiques de la municipalité florentine, il quitte même l'école de Florence pour celle de Bologne en 1948.
C'est en 1956 qu'il réalise enfin, dans le centre de Florence, le nouveau siège de la Caisse d'épargne à proximité du quartier de Santa Croce. Il conçoit cet édifice comme un espace vivant et filtrant – notamment avec la galerie interne sur laquelle donnent tous les services publics de la banque, galerie qui constitue en outre une liaison effective avec la ville puisqu'elle est une véritable « rue », qui continue, à l'intérieur, l'espace urbain. La composition se libère ici du rationalisme le plus strict pour intégrer une dimension plus « organique » (en 1951 avait eu lieu à Florence une exposition sur Franck Lloyd Wright, dont l'influence a fortement marqué l'architecture italienne de 1950 à 1960).
Ses œuvres postérieures à 1960 acquièrent une plus grande souplesse, dont l'apogée[...]
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Écrit par
- Luciana MIOTTO MURET : architecte, historienne de l'architecture, maître de conférences à l'université de Paris VIII
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Média