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PAISIELLO GIOVANNI (1740-1816)

Un des plus célèbres compositeurs d'opéra bouffe italiens de la fin du xviiie siècle, Paisiello naît à Roccaforzata, près de Tarente, et, dès l'âge de quatorze ans, est envoyé à Naples, où il reçoit l'enseignement de Francesco Durante. Ses premiers opéras sont écrits pour Bologne, Venise, Modène, Parme. De retour à Naples (1766), il évince divers rivaux et assure tant bien que mal sa suprématie. Appelé par Catherine II à Saint-Pétersbourg en 1776, il y reste huit ans et y fait représenter notamment son œuvre la plus célèbre : Le Barbier de Séville (Il Barbiere di Siviglia, 1782), d'après Beaumarchais. Le succès en sera tel à travers toute l'Europe, et durera si longtemps, qu'en 1816 encore le public romain se refusera pour un temps à prêter attention à la partition du même nom de Rossini. En 1783, le roi Ferdinant IV de Naples le nomme maître de chapelle ; il quitte la Russie en 1784 : il produit alors, entre autres, La Meunière (La Molinara, 1788), dont deux airs serviront à Beethoven de thèmes de variations pour piano, et Nina ou la Folle par amour (Nina o sia la Pazza per amore, 1789). Lauréat en 1797 d'un concours organisé auprès des musiciens italiens pour une marche funèbre à la mémoire du général Hoche, il réussit deux ans plus tard, quand le régime change à Naples, à devenir directeur de la musique nationale de la République parthénopéenne. « Emprunté » par Napoléon (dont il est le musicien préféré) au roi de Naples, il organise pendant deux ans (1802-1804), à Paris, la musique du Premier consul, faisant jouer une Proserpine qui échoue complètement, composant pour le sacre du nouvel empereur des Français une Messe et un Te Deum à double chœur. Réinstallé à Naples en 1804, il y sert successivement Joseph Bonaparte et Murat, tombe en disgrâce au retour des Bourbons en 1815, et meurt l'année suivante sans avoir eu le temps de vraiment redresser sa situation.

Sa production instrumentale est assez réduite, avec notamment six quatuors à cordes, six concertos pour piano et deux volumes de sonates et caprices pour piano ; sa production religieuse est à peine plus abondante, mais le nombre de ses opéras dépasse quatre-vingt-dix. Il en composa du genre seria, mais c'est surtout dans le domaine buffa qu'il donna le meilleur de lui-même (ses plus connus datent de la même décennie que les grands de Mozart). Moins habile que Cimarosa dans les ensembles et en particulier les finales d'actes, il sut en revanche écrire des airs très vivants, fermes et élégants à la fois, et excella dans ceux de caractère tendrement expressif (celui de Rosina avec clarinettes, du Barbier de Séville, en est un remarquable exemple). D'ailleurs, à écouter aujourd'hui ce Barbier, que Joseph Haydn lui-même dirigea à Esterhaza en 1790, on comprend sans peine son fulgurant tour d'Europe : les temps morts y sont quasi inexistants, l'air de la Calomnie est sans doute supérieur à celui de Rossini ; quant au trio Bartolo (personnage principal de l'ouvrage), L'Éveillé et La Jeunesse, sans équivalent chez le musicien de Pesaro, il reste, qu'on le veuille ou non, avec ses bâillements et ses éternuements, un véritable morceau d'anthologie.

— Marc VIGNAL

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