PAUL IV, GIOVANNI PIETRO CARAFA (1476-1559) pape (1555-1559)
Préféré par le conclave à l'Anglais Reginald Pole et à l'ambitieux Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare, Giovanni Pietro Carafa, doyen du Sacré Collège, est élu pape à soixante-dix-neuf ans, le 23 mars 1555. Napolitain austère, cet évêque de Chieti, que le pape Adrien VI a rappelé d'Espagne en 1523, est acquis à la réforme de l'Église. Cofondateur, en 1524, avec Gaétan de Thiène d'une association de prêtres réformés, il a été promu cardinal en 1536. Membre d'une commission de réforme instituée par Paul III, il a rédigé, notamment avec les cardinaux Sadolet et Pole, un mémoire important : Projet de réforme de l'Église (Consilium de emendanda Ecclesia, 1537).
En 1541, date majeure, il est nommé, avec le cardinal Toledo, contrôleur général de l'Inquisition romaine, rétablie par Paul III, qui organise un Saint-Office et tribunal de la foi pour la remise en ordre de l'Église. Devenu pape, rêvant d'être un Innocent III pour le xvie siècle, il continue à penser réforme, mais par lui-même et par la sainte Inquisition, plus que par un concile, à son avis trop bavard et trop peu expéditif. Il engage la réforme de la curie romaine, des cardinaux, des évêques, des prêtres, des ordres religieux. Mais la poursuite des déviants de l'orthodoxie et de l'orthopraxie devient vite inquiétante ; le pape suspecte ses anciens collègues : le cardinal Morone, jusqu'à l'emprisonner deux ans ; le cardinal Pole, son légat en Angleterre, qui heureusement ne rentre pas à Rome. Il déclare usurpateurs tous les princes-évêques de l'Empire qui n'ont pas poursuivi Luther. Il fait perquisitionner chez les Jésuites, brûler des livres et éditer le premier Index des ouvrages prohibés ; Jean de la Croix, Thérèse d'Avila sont suspectés d'illuminisme.
L'histoire enregistre pourtant encore que cet homme intègre choisit pour secrétaire d'État un de ses neveux, Carlo Carafa, qui a gouverné les États pontificaux par le régime de l'arbitraire et de la simonie et qui a réussi, trompé par Henri II de France, à s'aliéner les Habsbourg, Philippe II d'Espagne et Ferdinand Ier, au point de provoquer le duc d'Albe à renouveler le sac de Rome.
Paul IV, quand ses yeux furent dessillés, eut beau se débarrasser de son scandaleux neveu par le bannissement, redoubler d'austérité pour lui-même et mourir pieusement : le soir même de sa mort, le peuple romain abattit sa statue, pilla le palais de l'Inquisition et ouvrit toutes grandes les portes des prisons.
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Écrit par
- Armand DANET : docteur ès sciences humaines
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