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HALIMI GISÈLE (1927-2020)

Le combat féministe

Gisèle Halimi est étroitement liée aux combats des femmes pour leur liberté et leurs droits à partir du début des années 1970. Elle est d'abord l'une des signataires du Manifeste des 343 en 1971, dénonciation de l'hypocrisie et de l'inégalité des femmes devant l'avortement. Les 343 femmes, très connues, reconnaissent qu'elles ont pratiqué l'avortement en infraction à la loi de 1920 et demandent l'abolition de cette loi nataliste. La même année, avec Simone de Beauvoir, Jean Rostand et Jacques Monod, elle fonde le mouvement Choisir la cause des femmes, qu'elle présidera jusqu’à sa mort. Ce mouvement vise alors à la dépénalisation de l'avortement.

Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972 - crédits : Michel Artault/ Apis/ Sygma/ Getty Images

Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972

En 1972 a lieu le retentissant procès de Bobigny. Y est accusée une jeune femme, Marie-Claire Chevalier, mineure à l'époque des faits, victime d'un viol et qui, avec l'aide de sa mère, a avorté. Ce procès, largement médiatisé, révèle à l'opinion publique l'hypocrisie de la loi française et la condition de détresse dans laquelle sont laissées les femmes victimes d'une grossesse non désirée. L'acquittement de la jeune femme est un moment clé de ce combat qui, deux années plus tard, va conduire au vote de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

En 1978, un nouveau procès aux assises d'Aix-en-Provence, va relancer l'action féministe et l'engagement de Gisèle Halimi. Il s'agissait de plusieurs femmes violées collectivement. L'avocate entendait mettre en lumière la tolérance dont bénéficiaient les auteurs de viol dans une société marquée par une longue tradition de domination masculine. Ce procès retentissant ouvrit la voie en 1980 à une nouvelle loi définissant plus précisément le viol et l'attentat à la pudeur.

En 1981, Gisèle Halimi est très logiquement candidate aux élections législatives, sous les couleurs d'une Union de la gauche qui promet de « changer la vie » : elle est donc députée de 1981 à 1984, dans une Assemblée massivement masculine dont elle mesurera, comme Yvette Roudy et quelques autres femmes, la misogynie. Elle prend alors l'initiative d'une proposition de loi sur l'obligation d'un « quota » de candidates pour les élections municipales, afin de tendre à une plus grande égalité de représentation. Cette mesure dite de discrimination positive, inédite dans une tradition d'égalité abstraite, va ouvrir un débat très vif dans la société française. Finalement votée, la loi est annulée par le Conseil constitutionnel au motif qu'elle serait une entrave à la liberté de suffrage et à l'expression de la souveraineté nationale.

De 1985 à 1986, Gisèle Halimi est ambassadrice à l'UNESCO, après avoir été chargée de mission auprès du Premier ministre sur le fonctionnement des organisations internationales. Son engagement politique va se trouver ainsi progressivement délié des problèmes français et acquérir une dimension internationale. En octobre 1989, elle est conseillère spéciale auprès de la délégation française à l'Assemblée générale de l'ONU. Sur le plan national, elle se rapproche de Jean-Pierre Chevènement pour les élections européennes de 1994 et sera deuxième sur la liste « L'Autre politique » qu'il conduit. L'année suivante est créé l'Observatoire pour la parité hommes-femmes dans la vie politique à la suite des modifications sur la représentation politique en France : elle en est le rapporteur. Dans le même temps, elle est parmi les fondateurs du mouvement altermondialiste ATTAC, en 1998.

Nommée grand officier de l’Ordre de la République tunisienne (1992), chevalier (1997) puis officier de la Légion d’honneur (2006), commandeur de l'Ordre national du mérite (2010), Gisèle Halimi reste une militante jusqu’au bout.[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire, faculté de droit de l'université de Montpellier-1
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972 - crédits : Michel Artault/ Apis/ Sygma/ Getty Images

Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, 1972

Autres références

  • AVORTEMENT

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    • 6 833 mots
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    ...de seize ans, Marie-Claire, pour avortement, alors qu'elle a été violée. Au-delà de l'acquittement obtenu pour l'accusée, ce procès est l'occasion pour Gisèle Halimi – seule avocate signataire du Manifeste des 343 et fondatrice, avec Simone de Beauvoir, Jean Rostand et Jacques Monod, en juillet 1971,...
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    ...persistante du M.L.F. dès le milieu des années 1970, et jusqu'à la fin des années 1980. La question marqua notamment les campagnes en faveur de l'avortement. La mobilisation et l'action furent alors surtout le fait d'associations ad hoc telles que Choisir (fondée en 1971 par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi)...
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    ..., à Amboise, la ville où il a été emprisonné en 1848 après sa reddition ; la réactivation du projet de musée de l’histoire de la France et de l’Algérie, à Montpellier ; lapossible entrée au Panthéon de l’avocate Gisèle Halimi, qui militait pour l’indépendance de l’Algérie.