GIULIANO DA MAIANO (1432-1490)
Les documents attestent la présence de Giuliano da Maiano à Florence à partir de 1455. À cette époque, il est à la tête d'un atelier de travaux sur bois, et exécute notamment des ouvrages de marqueterie, selon la mode du moment (armoires de la sacristie de Santa Maria del Fiore). Cette spécialisation, qui faisait appel à une connaissance approfondie des nouvelles règles de la perspective, l'amena tout naturellement à une activité d'architecte : en 1461, on lui confie l'achèvement de la lanterne de la coupole de la cathédrale de Florence, d'après le dessin de Filippo Brunelleschi. Il participe également, avec Donatello et Verrocchio, à un concours pour la construction d'une chapelle dans la cathédrale d'Orvieto. À partir de ce moment, il partage son temps entre son atelier, où désormais il se limite à fournir des dessins et à surveiller la réalisation des œuvres, et les chantiers d'architecture, où il acquiert une bonne renommée en tant que continuateur de Brunelleschi et de Michelozzo. En 1470, dans une lettre, il est désigné comme famoso architettore. En fait, son succès témoigne, plutôt que d'une réelle adhésion aux principes de Brunelleschi, de l'orientation que, partant du grand maître, avait pris l'architecture toscane vers le milieu du xve siècle. Les édifices qui relèvent, entièrement ou en partie, de la conception de Giuliano da Maiano ne reflètent en effet que d'une façon assez superficielle la leçon de ser Filippo : le palais des Pazzi et le palais de lo Strozzino à Florence, à l'achèvement desquels il contribua entre 1465 et 1472, le palais Spannocchi à Sienne, qu'il édifia en 1473, se caractérisent par leur élégance austère qui reproduit en apparence les structures compactes de Brunelleschi, sans en reprendre l'articulation rigoureuse et massive des volumes. L'élément décoratif joue un rôle important dans son style architectural, et n'est pas sans rappeler les liens qui devaient certainement le rattacher, en tant que marqueteur, au courant albertien. Ajoutons que Giuliano travaillait fréquemment en collaboration avec son frère Benedetto, l'un des sculpteurs toscans les plus attentifs aux rapports entre architecture et décoration. Le meilleur exemple de cette collaboration est la chapelle de Santa Fina, dans l'église collégiale de San Gimignano, bâtie par Giuliano, ornée de sculptures par Benedetto et décorée à fresque par Domenico Ghirlandaio (1468-1475). En 1474, l'artiste construit la cathédrale de Faenza, où son effort pour s'adapter au goût local s'accompagne toujours d'une tendance marquée par l'allégement des masses par le traitement graphique des surfaces. On a, à juste titre, remarqué que Giuliano da Maiano était, par tempérament, l'architecte idéal des petits édifices, et ce n'est sans doute pas hasard s'il fut choisi en 1478 par Alphonse II d'Aragon pour travailler à Naples à la construction de la porta Capuana et de la villa de Poggioreale. Il est fort probable d'ailleurs que le choix ait été effectué par Laurent le Magnifique, sur l'exemple duquel le souverain aragonais entendait modeler la vie et le décor de sa cour. La porte napolitaine est, sans aucun doute, la meilleure réussite de Giuliano encore subsistante, et il y a tout lieu de croire que la villa de Poggioreale, malheureusement disparue, ait été son chef-d'œuvre, ainsi qu'une des réalisations les plus originales de l'architecture italienne du Quattrocento. Dans les deux œuvres (pour autant qu'on peut en savoir sur la villa disparue), la composante albertienne, donc antiquisante de la formation de Giuliano, jusqu'alors plus ou moins latente, se manifeste sous l'impulsion des souvenirs archéologiques conservés dans la région napolitaine et sous le charme de leur communion intime avec la splendeur du paysage. L'une et l'autre[...]
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Écrit par
- Gabriella RÈPACI-COURTOIS : historienne de l'art, collaboratrice technique du C.N.R.S.
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- 356 mots
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