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GARIBALDI GIUSEPPE (1807-1882)

L'artisan de l'unité italienne (1848-1867)

À l'annonce des premiers frémissements révolutionnaires, Garibaldi a décidé de rentrer en Italie où, dit-on, Mazzini s'est rallié à Pie IX, première étape d'une unification de la péninsule que l'on croit imminente. De retour à Nice en juin 1848, alors que déjà la réaction triomphe à Vienne, Berlin et Paris, il est accueilli en héros et s'apprête à faire allégeance au roi de Piémont, Charles-Albert, au demeurant très méprisant à son égard, lorsqu'intervient le désastre militaire de Custozza (juillet 1848). Le pape ayant quitté sa capitale en novembre 1848 pour se réfugier à Gaète, c'est à Rome que Garibaldi décide de se rendre avec sa légion pour défendre la jeune République romaine contre les assauts conjugués des Autrichiens, des soldats des Bourbons de Naples et du corps expéditionnaire du général Oudinot, dépêché par le « prince-président », Louis-Napoléon. Pendant deux mois, à la tête d'une petite armée de dix mille hommes, il va résister, remportant même le 30 avril une victoire sur les Français. Il ne peut empêcher toutefois Oudinot, dont les troupes sont pourvues d'un armement lourd et ont reçu des renforts, de s'emparer de la ville le 30 juin, et doit faire retraite jusqu'à la côte Adriatique où Anita, qui l'a rejoint et dont la grossesse est très avancée, va mourir d'épuisement le 4 août. Lui-même réussit à échapper à ses poursuivants, à gagner Livourne, puis Gênes où les autorités piémontaises déclarent sa présence indésirable. Après un crochet par Liverpool, il s'embarque en juin 1850 pour un nouvel exil outre-mer : destination New York, où il travaille pendant quelque temps dans une fabrique de bougies, puis l'Amérique latine encore et enfin, après un périple maritime en Océanie et en Asie, l'Angleterre où il retrouve Mazzini, dont il ne va d'ailleurs pas tarder à s'éloigner politiquement. En mai 1854, Cavour l'ayant autorisé à rentrer, il est de retour dans sa ville natale. L'année suivante, il achète la moitié de l'île de Caprera, entre la Corse et la Sardaigne, et s'y installe en 1857, bien décidé à y faire retraite. Il a cinquante ans, souffre de graves rhumatismes articulaires et a perdu l'espoir de voir se réaliser de son vivant l'unité de son pays.

Deux ans plus tard, l'emballement inattendu du processus d'unification le ramène au premier plan et fait de lui en quelque mois l'un des pères fondateurs de la nation italienne. Avec l'aide de la France et sous la houlette de Cavour, la monarchie piémontaise réussit en 1860 à annexer la plus grande partie de l'Italie du Nord, mais il reste à réunir à la couronne de Savoie, outre la Vénétie restée autrichienne et une partie des États pontificaux, toute la moitié sud de la péninsule qui est possession des Bourbons de Naples. Telle sera la mission indirectement confiée à Garibaldi et qui va donner lieu à l'expédition des « Mille ». Imaginée par les émigrés siciliens de Turin, elle a pour objet de faire s'effondrer sous les coups d'une « insurrection populaire » la monarchie des Deux-Siciles, alors à bout de souffle. C‘est à Francesco Crispi – un mazzinien rallié à la dynastie de Savoie – que revient l'idée de placer à la tête de l'expédition l'incarnation même de la « guerre populaire ».

Auparavant, Garibaldi s'est lui-même converti à l'idée que la monarchie piémontaise était seule en mesure de faire l'unité de l'Italie, et qu'il fallait au moins provisoirement, tabler sur elle pour réaliser le vieux rêve unitaire. Il a donc accepté, en mars 1859, de quitter Caprera pour prendre, à la demande de Cavour, le commandement d'un corps de volontaires agrégé à l'armée régulière piémontaise, sans être[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Médias

Giuseppe Garibaldi - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

Giuseppe Garibaldi

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870

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