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MOTTA GIUSEPPE (1871-1940)

Né à Airolo dans le haut Tessin, Giuseppe Motta fait des études de droit à Fribourg, à Munich et à Heidelberg, puis ouvre un cabinet d'avocat. Il inaugure, à vingt-quatre ans, sa carrière politique cantonale comme élu du parti catholique-conservateur au Grand Conseil puis, sur le plan fédéral, de 1899 à 1911, au Conseil national. Le 24 décembre 1911, il entre au Conseil fédéral et il va y demeurer pendant vingt-huit ans. À cinq reprises, premier Tessinois à exercer cette magistrature, il présidera la Confédération helvétique, entre 1915 et 1937. Titulaire du département des Finances et Douanes, il passe, en 1920, au département politique (Affaires étrangères) qu'il dirige pendant vingt ans, jusqu'à sa mort. Orateur chaleureux, aussi bien dans sa langue maternelle qu'en français ou en allemand, Motta est un humaniste chrétien, pour qui la politique doit se conformer à la morale et au droit des gens. Il assume la responsabilité de la politique extérieure helvétique dans un moment délicat. Le pays, qui a décidé, en 1919, le principe de son adhésion à la Société des Nations, doit satisfaire des exigences nouvelles, dans un monde bouleversé par la guerre. Idéaliste, Motta a, tout à la fois, un sentiment inné du fédéralisme et des valeurs de la neutralité suisses et la volonté de faire participer sa patrie à la construction de la nouvelle Europe. Comme bien des hommes de sa génération, il partage les espérances placées dans la Société des Nations et en négocie l'installation définitive à Genève. Surtout, par la déclaration de Londres (13 février 1920), il fait reconnaître formellement — comme l'avait déjà admis l'article 435 du traité de Versailles — la compatibilité de la participation suisse aux organisations internationales avec la neutralité et l'inviolabilité du territoire. La Confédération, en raison de ses obligations de membre de la Société des Nations, ne serait jamais tenue de participer à une action militaire, ou de laisser traverser son espace par des contingents armés de pays tiers. Mais elle acceptait, en revanche, d'appliquer d'éventuelles sanctions économiques contre un État ayant violé le pacte. Seul pays ayant sanctionné par un vote son accession à la S.D.N., la Suisse, malgré une forte réticence des cantons alémaniques, ratifie, en 1920, son nouveau statut international.

Motta est élu président d'honneur de la première assemblée de la Société des Nations. Président du Comité international de la Croix-Rouge, chef de la délégation suisse à la S.D.N., dès 1920, il prend une part active aux travaux de l'institution genevoise. Adepte convaincu de la conciliation, il conclut, parallèlement, plusieurs traités d'arbitrage avec diverses puissances — dont la France, avec laquelle il règle le litige sur les zones franches de la Haute-Savoie et du pays de Gex (1923-1932). Partisan de l'universalité de la S.D.N., Motta plaide éloquemment l'admission de l'Allemagne et soutient un mémorable duel oratoire avec Viviani (1925). Mais, en 1934, il combat l'entrée de l'U.R.S.S., et son antisoviétisme devient un des dogmes de la politique étrangère helvétique. En revanche, dès 1920, Berne renoue diplomatiquement avec le Vatican, effaçant ainsi les dernières traces du Kulturkampf qui avait divisé le pays, après 1870. L'action de Motta ravive des oppositions, qu'il s'efforce de réfuter en leur opposant la nécessité de transposer, sur le plan des rapports entre les peuples, l'idéal fédéraliste suisse d'une conciliation, supérieure aux confessions et aux ethnies. Au lendemain de la grande crise mondiale, qui atteint durement le pays, la « neutralité différentielle » est mise à l'épreuve par l'affaire éthiopienne. La Confédération adhère aux sanctions économiques décidées contre l'Italie, mais elle les lève très vite et se contente d'interdire[...]

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