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TUCCI GIUSEPPE (1894-1984)

Né le 5 juin 1894 à Macerata (Marches), Tucci dut interrompre ses études universitaires lors de la Première Guerre mondiale à laquelle il participa. Dès leur achèvement en 1919, il entra à l'université de Rome où il poursuivit toute sa carrière comme professeur des religions et philosophies de l'Inde et de l'Extrême-Orient, jusqu'en 1969.

Mais Tucci était le contraire d'un historien et d'un philologue de cabinet. De 1925 à 1930, il séjourna en Inde, enseignant le chinois, le tibétain et... l'italien dans les universités de Shantiniketan et de Calcutta. Au contact des réalités orientales, le savoir universitaire s'enrichit de l'expérience vécue. Son intérêt pour le bouddhisme fut en 1928 à l'origine de sa première expédition pour le Tibet, encore presque inconnu. Sept autres la suivirent jusqu'en 1948 : il devait en rapporter une documentation littéraire, artistique et architecturale énorme, dont ses élèves et les élèves de ses élèves n'ont pas encore achevé le classement, bien qu'il en ait lui-même publié l'essentiel dans les sept volumes d'Indo-Tibetica (de 1932 à 1942) et les trois volumes de Tibetan Painted Scrolls (1949). Nommé à l'académie d'Italie en 1929, Tucci poursuivit alors de front ses explorations, des traductions d'œuvres chinoises, tibétaines et sanskrites et la publication d'ouvrages de synthèse.

Tucci était sensible à la profonde unité du bouddhisme, professant à l'encontre de nombreuses opinions communément admises qu'il existe une indéniable continuité entre le premier sermon du Bouddha à Sarnath et ses dérivations les plus récentes, développements ou métamorphose à partir du noyau originel. C'est ce qu'il chercha à démontrer par l'étude du tantrisme, branche indienne du bouddhisme à laquelle on a pu reprocher ses aspects formalistes et non spéculatifs, et qu'il s'attacha à réhabiliter à travers plusieurs ouvrages dont Théorie et pratique du mandala (1949). Le bouddhisme fut pour lui un accès privilégié aux religions et aux philosophies orientales. Il le considérait comme issu des spéculations métaphysiques et religieuses de l'Inde, dont il dépassait les frontières par sa sensibilité sociale et humaine et son sens plus fort de la tolérance, qui devait lui permettre d'influencer l'ensemble des religions de l'Asie, sans qu'on puisse pour autant le confondre avec aucune d'entre elles. Il n'hésitait pas à souligner l'importance du bouddhisme et ses apports à la pensée occidentale, décelables pour peu qu'on sache dépasser la pesanteur des structures monastiques.

L'occupation chinoise du Tibet le contraignit à rechercher d'autres terrains d'étude. Ce fut d'abord le Népal où il mena six campagnes de recherche, dont les deux principales en 1952 et 1954 lui permirent de révéler l'art et l'histoire du royaume Mella (xe-xviiie siècle) qui connut son apogée aux xive et xve siècles. À partir de 1956, l'intérêt de Tucci se porta sur des régions plus occidentales : Pakistan, Afghanistan, Iran, où il s'employa à rechercher les liens entre Orient et Occident. Poursuivant son œuvre de philologue et d'historien des religions, il étudia à travers l'archéologie l'évolution des contacts entre les deux mondes. Ses explorations dans la vallée du Swat, aux frontières du Pakistan et du Cachemire, visaient à déterminer les relations entre le monde islamique et les Himalayas, mais révélèrent aussi des civilisations protohistoriques encore inconnues. Dès lors, ce fut le monde iranien qui occupa la fin de sa carrière scientifique. Qu'il s'agisse de l'époque achéménide (restaurations à Persépolis, fouilles de Dahan-i-Ghulaman au Séistan), de l'hellénisation de l'Orient à la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand, des époques islamiques ou même,[...]

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  • TIBET (XIZIANG)

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    ...époque couvrent une période encore mal définie, mais vraisemblablement plus étendue. En dehors du site des tombes royales de 'Phyong-rgyas, décrit par G.  Tucci notamment, on a découvert depuis les années 1960 de très nombreuses nécropoles, regroupant parfois plusieurs centaines de tombes, en général couvertes...