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CLÉRIDÈS GLAFCOS (1919-2013)

Président de la République de Chypre de 1993 à 2003, Glafcos Cléridès (ou Glafkos Kliridis) est né le 24 avril 1919 à Nicosie, capitale de l’île de Chypre, alors colonie britannique. Son père, Ioannis Kliridis, était avocat et participait à la vie politique de la communauté chypriote grecque de l’île, laquelle représentait à l’époque plus de 80 p. 100 de la population. Glafcos Cléridès s’engage volontairement dans la Royal Air Force dès la fin de 1939. Son avion est abattu lors d’une mission au-dessus de l’Allemagne en 1942. Il est fait prisonnier et reste en captivité jusqu’au printemps de 1945. Il rejoint alors le Royaume-Uni où il s’inscrit au King College. Diplômé en 1948, il devient avocat en 1951.

Le 1er avril 1955 éclate à Chypre la lutte armée contre les Britanniques, dirigée par l’Organisation nationale des combattants chypriotes (E.O.K.A.), composée à 95 p. 100 de Chypriotes grecs. Cléridès ne participe pas à la lutte armée, mais est membre clandestin de l’organisation sous le pseudonyme de « Ypereides ». En effet, il est officiellement l’avocat des emprisonnés de l’E.O.K.A. Il ne pourra empêcher la pendaison de neuf résistants – dont la plupart ont moins de vingt ans – par les Britanniques en mai 1956. L’O.N.U. s’empare de la question, dans le cadre « des pays à décoloniser ». Glafcos Cléridès rédige le mémorandum sur « La violation des droits de l’homme par les Britanniques à Chypre ».

Il participe en mars 1959 à la conférence de Londres qui aboutira à l’indépendance de l’île en 1960. Une indépendance non désirée, puisque les Grecs veulent « l’Enosis », le rattachement à la mère patrie grecque tandis que les Turcs souhaitent le « Taksim », le partage de l’île en deux, entre Athènes et Ankara.

Cléridès est ministre de la Justice d’avril 1959 à juillet 1960 dans le gouvernement intérimaire chargé de préparer l’indépendance. Aux premières élections législatives de 1960, il est élu député du parti de l’ethnarque Makarios III. Il sera président du Parlement de juillet 1960 à juillet 1976. Dès 1968, il participe aux premières négociations intercommunautaires pour trouver une solution à la question chypriote.

Le 10 juillet 1974, l’extrême droite chypriote grecque, guidée en sous-main par la junte des colonels, organise un coup d’État pour renverser le président Makarios. Ce dernier réussit à s’enfuir au Royaume-Uni. Cinq jours plus tard, l’armée turque débarque dans le nord de l’île et finira par occuper un tiers du territoire. En tant que président du Parlement, Cléridès assume la fonction de président de la République par intérim du 23 juillet au 7 décembre 1974, date du retour de Makarios. Il a la lourde tâche d’organiser l’accueil de cent soixante mille Grecs du nord de l’île chassés par les Turcs et le départ sans encombre de quatre-vingt mille Turcs du sud vers le nord. En 1975, il est le représentant de la République de Chypre aux négociations de Vienne menées sous l’égide de l’O.N.U. afin de trouver une ébauche de solution vers la réunification. Il a de nouveau face à lui Rauf Denktash (1924-2012), le leader des Chypriotes turcs, lui aussi avocat et farouche partisan de la partition. Tous deux se connaissent bien et s’apprécient.

En 1976, Cléridès fonde le Rassemblement démocratique, regroupant l’aile droite du parti de Makarios. Il se présente deux fois, sans succès, à l’élection présidentielle (en 1983 et 1988). Il est finalement élu en février 1993, puis réélu cinq ans plus tard, et restera en poste jusqu’en février 2003. En décembre 2001, il est le premier président chypriote à se rendre dans la partie nord de l’île. Il est un des principaux artisans de l’entrée de Chypre dans l’Union européenne. Son travail aboutit à l’adhésion de la République le 1er mai 2004. Par ailleurs,[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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  • CHYPRE

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    ...électeurs ont choisi ses continuateurs parmi ses épigones : se sont succédé, à la tête de l'État et du gouvernement de Chypre, Spyros Kyprianou, Georgios Vassiliou,Glafkos Cléridès, Tassos Papadopoulos, qui avaient, dans leur jeunesse, aidé Makarios à obtenir la décolonisation de l'île.