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ROCHA GLAÚBER (1939-1981)

Né le 14 mars 1939 à Vitória da Conquista, au Brésil, dans l'État de Bahia (le Nordeste), Glaúber Rocha découvre à vingt ans le cinéma européen, au moment de l'émergence de la nouvelle vague, et devient assistant stagiaire sur le film Rio Zona Norte du plus grand cinéaste brésilien, Nélson Pereira dos Santos, influencé par le néo-réalisme.

Avec le succès mondial des films de la nouvelle vague et de la désinvolture formelle qu'ils inaugurent, le cinema nôvo, dont le groupe se forme à l'image de celui de la nouvelle vague, avec les réalisateurs Carlos Diegues, Leon Hirszman, David Neves, Paulo Cesar Saraceni, Gustavo Dahl..., opte pour un cinéma libre, dans ses formes comme dans son contenu. Le cinema nôvo, à l'inverse des cinémas mexicain et argentin, à la fois trop nationalistes et trop soumis formellement, selon Glaúber Rocha, au grand cinéma classique ou baroque, européen et américain, sera « tricontinental » et irrespectueux.

En 1962, Glaúber Rocha tourne son premier long-métrage, Barravento, mélodrame tourné à Bahia avec un très petit budget, dans un style déjà violent et lyrique. Mais c'est deux ans plus tard, avec Deuse e o Diablo na terra do sol (Le Dieu noir et le Diable blond), que lui vient la consécration internationale. Il a inventé un style, il a créé un nouveau cinéma, aussi brûlant, aussi singulier que celui de Godard, en utilisant comme lui, dans son espace propre, des morceaux de l'ancien. La figure typique du cangaceiro, aventurier du Nordeste brésilien, est reprise ici non seulement dans une mise en scène épique, celle d'un western national, mais sous une forme allégorique qui se souvient d'Eisenstein et se veut politique. Le film suivant du cinéaste, Terra em transe (Terre en transe), présenté à Cannes en 1967 au moment du coup d'État de la junte militaire, est le récit chaotique de ce tournant politique, qui ne prendra sa forme tragique qu'en 1968 (arrestations, disparitions, tortures, exil ou silence des intellectuels, y compris des cinéastes). Des personnages importants et parfaitement reconnaissables sont, dans ce film, caricaturés, typifiés à l'extrême, à la manière d'Eisenstein. Les images sont violentes, la caméra tournoie dans des plans-séquences vertigineux. Le gros plan déformant et le plan-séquence insistant sont les deux formes le plus fréquemment utilisées par Glaúber Rocha, de telle sorte que l'image s'imprime, jusqu'à l'irritation, dans l'esprit des spectateurs. « Un film de cinema nôvo est polémique avant, pendant et après sa projection, et la donnée concrète de son existence est un choc dans le paradis de l'inertie », écrit le metteur en scène.

O Dragão da Maldade contra o Santo Guerreiro (1969), premier long-métrage en couleurs de Glaúber Rocha, reprend la figure du cangaceiro Antônio das Mortes (qui donne son nom au titre français du film). Consacré par le prix de la meilleure mise en scène à Cannes, le film marque l'apogée de la notoriété de Glaúber Rocha, maintenant nettement dissociée du cinema nôvo. En 1968, le durcissement du régime frappe durement les intellectuels, les artistes : Glaúber Rocha est dès lors en exil. Il met à profit le succès public d'Antônio das Mortes pour entreprendre deux coproductions, l'une hispano-brésilienne, Cabeças cortadas (Têtes coupées, 1970), tournée à Barcelone, l'autre italo-allemande, tournée au Congo-Brazzaville, Der Leone have sept cabeças (Le Lion à sept têtes, 1970). Les masques folkloriques nationaux disparus, on découvre alors l'horrible vérité : Glaúber Rocha est un cinéaste d'avant-garde. Le public s'éloigne, l'isolement du créateur devient total. Cet isolement ressemble, par certains côtés, à celui de Godard à la même époque, et l'on voit d'ailleurs Glaúber Rocha faire une apparition dans [...]

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  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

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    Au Brésil, un cinema novo s'organise autour de Glauber Rocha (Le Dieu noir et le diable blond[Deus eo Diablo na terra do Sol], 1964) et de Ruy Guerra, formé à Paris (Les Fusils[Os Fuzis], 1964). Le cinema novo s'efforce de renouer avec les sources profondes de l'art populaire. Il entend témoigner...