FORD GLENN (1916-2006)
Gwyllyn Samuel Newton Ford est né le 1er mai 1916 à Sainte-Christine, au Québec, où son père est cadre dans une société de transport ferroviaire. Il a sept ans quand sa famille s'installe à Santa Monica, en Californie. Ses études secondaires achevées, il occupe divers emplois et s'oriente vers l'art dramatique : cette vocation serait née alors qu'il travaillait comme garçon d'écurie chez le comédien Will Rogers. En 1935, il fait ses débuts sur scène dans un très petit rôle de la pièce The Children's Hour (1934) de Lillian Hellman. Après avoir joué en 1937 dans un court-métrage intitulé Night in Manhattan, il part, en 1938, en tournée avec Soliloquy, pièce qui est aussi brièvement jouée à New York. Là, il obtient des rôles dans Broom for the Bride, Golden Boy et Parnell, avant de tourner un essai pour 20th Century Fox qui ne débouche momentanément sur aucun contrat. De retour en Californie, il poursuit son travail de comédien avec Judgement Day.
En 1939, Glenn Ford, finalement engagé par Fox, débute au cinéma dans Heaven with a Barbed Wire Fence de Ricardo Cortez. Peu après, Columbia le recrute aussi : il tourne sous ce label une douzaine de films de catégorie B avant d'intégrer, en 1942, le corps des Marines au sein duquel il combat en Europe. Démobilisé, il revient chez Columbia qui lui confie le principal rôle masculin, face à Rita Hayworth, de Gilda (1946) de Charles Vidor, grâce auquel il accède à la notoriété. Il confirme celle-ci avec A Stolen Life (La Voleuse, 1946) de Curtis Bernhardt, une production Warner dans laquelle il est le partenaire de Bette Davis qui l'a elle-même choisi. Columbia lui propose alors un contrat de sept ans, mais très vite, après deux films, ne sait plus trop quoi faire de lui ; il ne tourne, de fait, aucun film pendant un an. Jusqu'à la fin de la décennie, il tient la vedette, parfois pour d'autres firmes auxquelles il a été « prêté », dans des films de genres divers : comédies, drames, westerns, films noirs, etc., dont aucun n'est notoire. Il y développe cependant son personnage d'antihéros, d'Américain moyen confronté à des problèmes de tous ordres, et y affirme sa silhouette mince, son sourire sceptique, son regard clair et « scrutateur », son calme permanent, son jeu minimaliste, intense et « détendu », subtil et sans effet.
Après un film Fox et un film français, réalisé en anglais, Glenn Ford tourne chez Columbia, M.G.M. et Warner. Columbia lui confie le rôle principal de The Big Heat (Règlement de comptes, 1953) de Fritz Lang ; cette figure de policier vindicatif constitue peut-être sa meilleure interprétation. Il retrouve l'année suivante Fritz Lang pour Human Desire (Désirs humains, 1954), adaptation de La Bête humaine de Zola. En 1955, il accède enfin au statut de « star » avec le personnage du professeur idéaliste de Blackboard Jungle (Graine de violence) de Richard Brooks, produit par M.G.M., grâce auquel il va être, pendant une dizaine d'années, sous contrat avec la firme du lion, un des acteurs les plus populaires et les plus rentables du cinéma américain. Il connaît alors sa meilleure période en termes de films de prestige ou de qualité produits par M.G.M. ou Columbia : Jubal (Jubal, l'homme de nulle part, 1956) de Delmer Daves ; The Teahouse of August Moon (La Petite Maison de thé, 1956) de Delbert Mann ; 3 :10 to Yuma (3 h 10 pour Yuma, 1957) de Delmer Daves ; Cow-Boy (1958) de Delmer Daves ; Experiment in Terror (Allô, brigade spéciale, 1962) de Blake Edwards ; The Courtship of Eddie's Father (Il faut marier papa, 1963) de Vincente Minnelli.
Toutefois, l'insuccès de grosses productions, telles que Cimarron (La Ruée vers l'Ouest, 1960) d'Anthony Mann, Pocketful of Miracles (Milliardaire d'un jour, 1961) de Frank Capra et The Four Horsemen of the Apocalypse[...]
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
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