Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GOULD GLENN (1932-1982)

Glenn Gould - crédits : Keystone/ Getty Images

Glenn Gould

Pianiste de génie selon certains, vedette capricieuse frisant l'instabilité selon d'autres, Glenn Gould compte parmi les rares interprètes qui ont su toucher le grand public en tirant le meilleur parti des techniques audiovisuelles. À trente-deux ans, déjà célèbre, il renonce à paraître en public et il ne joue plus qu'en studio, pour le disque ou la télévision. Ce retrait délibéré de la scène reste pour beaucoup une énigme. Il a en tout cas contribué à faire de Gould, en même temps que son étrange existence et sa disparition précoce, une des figures mythiques du xxe siècle.

La recréation et la diffusion de l’œuvre musicale

Glenn Herbert Gould naît le 25 septembre 1932 à Toronto (Canada). Sa mère, pianiste, lui enseigne les premiers rudiments du clavier, puis il étudie avec Alberto Guerrero au Conservatoire de Toronto (1943-1952). Dès l'âge de douze ans, il obtient une médaille d'or dans cet établissement. Il travaille l'orgue avec Frederick Silvester, la composition avec Leo Smith, et fait ses débuts en 1947 dans sa ville natale avec le Quatrième Concerto de Beethoven. À la même époque, il compose de petites pièces pour piano. Le véritable début de sa carrière se situe en 1955 lorsqu'il effectue une tournée aux États-Unis. À New York, il joue les Variations Goldberg de J.-S. Bach, et signe aussitôt un contrat d'exclusivité avec la firme Columbia (aujourd'hui Sony Classical). Il vient en Europe en 1957 : il joue à la Philharmonie de Berlin avec Herbert von Karajan et effectue une importante tournée en U.R.S.S, où il est le premier pianiste nord-américain à être invité. En 1959, il reçoit la Harriet Cohen Bach Medal. Mais, alors que sa renommée va croissant, il décide, en 1964, d'abandonner le concert. Jusqu'à sa mort, le 4 octobre 1982, des suites d'une attaque cérébrale, il ne jouera jamais plus en public.

Glenn Gould, était indiscutablement un être en marge qui ne vivait que la nuit et à qui tout contact physique, même une simple poignée de main, répugnait. On a beaucoup glosé sur ses excentricités : son hypocondrie, qui le conduisait à d'invraisemblables régimes diététiques et à des abus de médicaments, sa manière de se tenir au piano, les jambes croisées sur un tabouret ou assis sur une chaise haute de 32 centimètres que lui avait fabriquée son père, le chantonnement permanent dont il accompagnait ses exécutions. Mais une telle existence, aux limites de l'ascèse, répondait avant tout à un profond idéal de pureté intellectuelle et artistique. Sa décision de quitter la scène, notamment, reposait sur le refus de la concession symbolisée par le concert. Il comparait celui-ci à une arène sanglante où l'artiste et le public ne pouvaient avoir un contact véritable, car chacun détruisait en partie l'approche artistique de l'autre. La musique appelait, selon lui, à la contemplation. Il fallait créer une relation, à un niveau supérieur entre l'artiste et la musique d'une part, la musique et l'auditeur d'autre part. La solitude seule peut engendrer une telle relation car elle instaure un contexte d'où les passions sont exclues.

La transmission du message musical devait donc être scindée en deux étapes distinctes, la recréation et la diffusion, reliées par l'indispensable maillon des techniques audiovisuelles qui deviendra vite, pour Glenn Gould, un élément majeur : enregistrer sera, pour lui, une création totale. Il n'hésitera pas à enrichir la partition de choix que lui permet l'évolution de la technique et auxquels le compositeur n'a pu être confronté. Ainsi, devenu son propre ingénieur de son, il pratiquait volontiers le re-recording et se consacrait avec un soin minutieux au montage des séquences qu'il avait enregistrées : pour lui, la fabrication d'un disque s'apparentait à celle[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Glenn Gould - crédits : Keystone/ Getty Images

Glenn Gould

Autres références

  • PIANO

    • Écrit par et
    • 4 344 mots
    • 15 médias
    ... (1942-2024) mêle avec bonheur les diverses époques, mais sa recherche de la perfection altère son pouvoir de communication, qui perd en conviction. Glenn Gould (1932-1982) faisait figure d'anticonformiste, cherchant toujours une approche nouvelle dans la perfection absolue, ce qui limitait ses prestations...