GLOZEL, site archéologique
Glozel redécouvert
Après un oubli de plus de quarante années, deux faits contribuèrent à relancer la polémique à partir des années 1970. Une nouvelle méthode permettant de dater l'âge de cuisson des poteries, la thermoluminescence, venait d'être inventée et des laboratoires eurent l'idée, pour la promouvoir, de l'essayer sur des objets glozeliens. Si quelques-uns se révélèrent d'époque moderne, une bonne partie d'entre eux furent datés des derniers siècles avant notre ère, plus précisément entre —700 et +200. Par ailleurs un mouvement de pensée lié à l'extrême-droite française, la « Nouvelle Droite », crut pouvoir tirer parti de Glozel pour démontrer la supériorité de la civilisation européenne, qui aurait inventé l'écriture bien avant les Phéniciens, des Sémites. Une campagne de presse fut ainsi orchestrée pour réclamer la réouverture des fouilles.
Des fouilles minutieuses, assorties de toutes les techniques requises, furent donc entreprises en 1983 et 1984, sous l'autorité d'une commission scientifique présidée par le préhistorien Jean Guilaine, professeur au Collège de France. Aucune trace d'occupation préhistorique ne fut découverte, le substrat sableux géologique se rencontrant directement sous la mince couche d'humus. Seule une occupation de verriers du xviiie siècle fut mise en évidence – la fosse originellement découverte par Émile Fradin ayant très probablement été un four de verrier. De nouvelles analyses par thermoluminescence, certaines sur des objets précédemment datés, donnèrent, grâce à la précision de cette méthode, des dates réparties entre le xiie et le xviiie siècle de notre ère, ainsi que plusieurs dates modernes, mais aucune date d'époque préhistorique. En outre, les mesures d'acidité du sol montrèrent que des objets en os ne pourraient s'y conserver très longtemps. Des sondages menés sur trois autres sites voisins, qui avaient fourni quelques objets « glozeliens », furent tout aussi négatifs.
Ces résultats, qui à la fin du siècle n'avaient encore fait l'objet que de publications préliminaires (le ministère de la Culture ne souhaitant pas entretenir la polémique) permettent d'avancer plusieurs conclusions.
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Écrit par
- Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
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ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Archéologie et enjeux de société
- Écrit par Jean-Paul DEMOULE
- 4 676 mots
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Les insuffisances de la diffusion de l'archéologie auprès du public favorisent également certaines croyances irrationnelles, que des médias en quête de sensationnel n'hésitent pas à répercuter. On voit ressurgir régulièrement le site de Glozel, « découvert » dans l'Allier en 1924, et qui présente tous...