GLOZEL, site archéologique
Une histoire exemplaire
L'hypothèse la plus vraisemblable concernant le site de Glozel est donc que, à partir d'un matériel authentique exhumé fortuitement et lié à des pratiques de verrerie relativement récentes, des esprits imaginatifs ont fabriqué, puis enfoui dans le sol, un certain nombre d'objets inspirés des connaissances préhistoriques que l'on avait alors.
Mais aucun des faits issus des fouilles et des analyses récentes n'a entamé les certitudes des partisans de Glozel. C'est pourquoi l'aspect le plus intéressant de cette affaire n'est pas la question de l'authenticité du site, que ne soutient aucun préhistorien professionnel, mais sa signification sociologique. Elle offre en effet le scénario exemplaire de la lutte de l'amateur éclairé contre la « science officielle » qui, voyant ses certitudes ébranlées, s'efforcerait de dissimuler la vérité. De fait, la plupart des émissions de radio ou de télévision qui sont, régulièrement, consacrées à cette « affaire Dreyfus de l'archéologie » prennent fait et cause pour Glozel – comme c'est le cas dans presque toutes les affaires parascientifiques. L'une des plus caractéristiques fut, par exemple, en 1992, celle de la chaîne de télévision T.F. 1, dans le cadre de sa série Mystères. Un bref film de fiction retraçait l'histoire, en reprenant à la lettre l'ensemble des thèse glozeliennes. Il était accompagné d'un débat que l'on pouvait croire en direct, mais où la plupart des interventions critiques de l'archéologue invité avaient été supprimées au montage ! C'est à la fois l'attrait entretenu du mystère, mais aussi ce combat de l'inventeur solitaire contre l'institution scientifique qui explique la sympathie des médias pour les parasciences en général et pour Glozel en particulier.
Pas plus que les soucoupes volantes ou le yéti, Glozel ne relève d'une démarche scientifique mais d'une croyance parascientifique en une civilisation mystérieuse, croyance qui n'a aucune raison de s'éteindre. Glozel appartient désormais à l'histoire de l'archéologie et c'est à ce titre que ses collections doivent être protégées.
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Écrit par
- Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
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ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Archéologie et enjeux de société
- Écrit par Jean-Paul DEMOULE
- 4 676 mots
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Les insuffisances de la diffusion de l'archéologie auprès du public favorisent également certaines croyances irrationnelles, que des médias en quête de sensationnel n'hésitent pas à répercuter. On voit ressurgir régulièrement le site de Glozel, « découvert » dans l'Allier en 1924, et qui présente tous...