GNEISENAU AUGUST comte NEIDHARDT VON (1760-1831)
Originaire d'Allemagne méridionale, August von Gneisenau se met au service de l'Angleterre et débarque en Amérique, trop tard pour combattre les insurgés. À son retour, il sert dans l'armée prussienne et y végète pendant vingt ans (1785-1806). Capitaine, il combat à Iéna, parvient à échapper à la poursuite des troupes napoléoniennes et s'illustre au commandement de la place de Kolberg, qu'il défend jusqu'à l'armistice franco-prussien (1807). Nommé membre de la commission de réorganisation de l'armée et de la commission d'enquête chargée de juger le comportement des officiers pendant la campagne de 1806-1807, il soutient les efforts de Stein et de Scharnhorst pour régénérer une armée écrasée spectaculairement à Iéna. Constatant que la Révolution française a su mettre en œuvre la force vive de la nation, les trois hommes veulent puiser aux mêmes sources. La réforme de l'armée passe par la réforme de l'État. Il faut faire des Prussiens des citoyens en leur conférant des droits qui leur imposent des devoirs vis-à-vis de l'État. Le peuple doit être entraîné à la guerre et animé d'un esprit militaire ; seul, le service obligatoire peut amener à un tel résultat. Ces idées, très neuves en Prusse, mettront huit ans à passer dans la loi (1814). Prônant sans cesse la revanche, établissant des plans de soulèvement, Gneisenau se heurte à la prudence sceptique de son roi. Il se met en congé, puis démissionne de l'armée après l'alliance franco-prussienne de 1812. Il fait alors le tour des capitales alliées pour prêcher la lutte contre Napoléon. Au début de la campagne d'Allemagne (1813), il est rappelé par Frédéric-Guillaume III, nommé generalmajor et devient rapidement le chef d'état-major de Blücher, commandant l'armée de Silésie. Celui-ci dira de lui : « C'est ma tête. » À ce titre, Gneisenau s'illustre à Leipzig, puis, après les échecs mémorables de Montmirail-Vauchamps, à Ligny (1815), d'où il donne l'ordre de battre en retraite en se rabattant vers Wellington à Waterloo, intervention décisive s'il en fut. Nommé maréchal en 1825, Gneisenau meurt du choléra en 1831. Il laisse le souvenir d'un homme passionné, acharné à faire naître un sentiment national en Allemagne et à mettre sur pied ce qui sera la grande armée prussienne du xixe siècle.
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Écrit par
- Jean DELMAS : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre
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