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GODEFROY DE HUY (1100 env.-env. 1173)

Godefroy de Huy fait partie du tout petit nombre d'orfèvres médiévaux dont le nom a survécu. Le chroniqueur Gilles d'Orval mentionne, dans son ouvrage Gesta pontificum, un certain « Godefroy appedain de Huy à maistre d'orfeivrie, li miedre et li plus expers et subtils ovriers que ons sawist en monde à chel jour... », qui en 1173, après une absence de vingt-sept ans, serait revenu à Huy et serait entré au monastère voisin de Neufmoustier. Outre des ouvrages d'orfèvrerie qui ont disparu, il fit les châsses de saint Mengold et de saint Domitien qui se trouvent actuellement dans l'église collégiale Notre-Dame à Huy. Le seul document d'archive prouvant l'existence de ce Godefroy est une mention enregistrée dans le nécrologe de l'abbaye de Neufmoustier (aujourd'hui au musée Curtius à Liège), rédigée en ces termes : Commemoratio Godefridi aurificis fratris nostri et complétée par une autre main pendant la première moitié du xiiie siècle. Le libellé de ce complément correspond en substance à la relation de Gilles d'Orval (S. Gevaert, « La Note de l'obituaire de l'abbaye de Neufmoustier », in Bull. des musées royaux, Bruxelles, no 5, 1933).

Avec le même Godefroy de Huy, on a identifié cet « aurifex G. » qui, en 1148, comme cela découle d'une lettre conservée, était en activité au service de Wibald de Stavelot durant l'abbatiat duquel (1130-1157) se situent les premiers émaux champlevés mosans. Cela eut pour conséquence l'attribution à Godefroy de Huy de la plupart des émaux champlevés mosans conservés, bien que les émaux ne constituent qu'une part minime de la décoration sur les deux châsses de Huy. En outre, Deer put prouver que cet « aurifex G. » exécuta, probablement à la commande de Wibald de Stavelot, quelques matrices de sceaux et la bulle d'or de l'empereur Barberousse (J. Deer, « Die Siegel Kaiser Friedrich I. Barbarossa und Heinrich VI. in der Kunst und Politik ihrer Zeit », in Festschrift Hans R. Hahnloser zum 60. Geburtstag, Bâle, 1961).

Quant à savoir si la châsse de saint Viton, terminée en 1146 et connue seulement par la description d'un inventaire du xviiie siècle, fut aussi un ouvrage de ce Godefroy de Huy, on n'en doit pas encore décider, puisque le nom de Godefroy apparaît couramment au xiie siècle (F. Ronig, « Godefridus von Huy in Verdun », in Aachener Kunstblätter, XXXII, 1966). Les faits attestés par des archives n'offrent aucun indice autorisant à désigner Godefroy de Huy comme le représentant majeur de l'émaillerie champlevée mosane.

— Ulla KREMPEL

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