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MANN GOLO (1909-1994)

L'écrivain Thomas Mann (1875-1955), rendu célèbre par la publication des romans Les Buddenbrook (1901) et La Montagne magique (1924), puis par le prix Nobel de littérature (1929), et son épouse Katia Pringsheim, qui appartenait à une famille juive, eurent six enfants. Le troisième, Gottfried Angelius Thomas, appelé Golo, est né le 27 mars 1909 à Munich, la résidence familiale jusqu'en 1933.

Les Carnets de Katia Mann présentent Golo sous les traits d'un enfant peureux, gentil et obéissant ; très accommodant, il a horreur des querelles. Pas très gracieux physiquement, c'est le souffre-douleur de ses frères et sœurs. Il supporte mal l'atmosphère familiale, aussi est-il envoyé dans le célèbre lycée et internat réservé aux enfants de la haute bourgeoisie, le château de Salem, fondé par le prince Max de Bade.

Ses études de droit, de philosophie et d'histoire le conduisent à Munich, Berlin et Heidelberg. À Berlin, il se lie durablement d'amitié avec Pierre Bertaux, le futur germaniste et spécialiste de Hölderlin, dont le père, Félix Bertaux, un germaniste réputé, était l'ami de Heinrich et de Thomas Mann. Golo Mann soutient auprès du philosophe Karl Jaspers une thèse sur Hegel. Il fait aussi un doctorat d'histoire sur les recherches historiques consacrées à Wallenstein.

En désaccord total avec Hitler et le IIIe Reich, la famille Mann se réfugie en Suisse en 1933. Golo Mann entame une longue errance qui va durer vingt-cinq ans. De 1933 à 1937, il est lecteur d'allemand à l'École normale supérieure de Saint-Cloud puis à l'université de Rennes. De 1937 à 1940, il dirige la revue Mass und Wert, publiée par son père à Zurich ; il collabore à des revues d'émigrés comme Die neue Weltbühne (Prague) et Die Sammlung (Amsterdam).

En 1940, Golo Mann s'engage dans l'armée française, mais, après la capitulation, il émigre aux États-Unis d'Amérique. En 1942-1943, il donne des cours dans un collège. De 1943 à 1946, il travaille pour les services secrets américains à Londres, puis au Luxembourg et en Allemagne. Il termine la guerre avec le grade de lieutenant-colonel. Il reprend son enseignement, en Californie, de 1947 à 1958, comme professeur associé d'histoire.

En 1958, il revient en Allemagne et en Suisse. Il se fixe à Kilchberg, près de Zurich, là où habitait son père, en 1954-1955. En 1959, il est professeur associé à l'université de Münster, en Westphalie. En 1960, il obtient une chaire de science politique à l'université de Stuttgart, dont il démissionne en 1964 pour raisons de santé. Il vit entre Kilchberg et Icking, près de Munich. Il publie des livres et fait du journalisme en prenant position sur les grands problèmes de son temps.

De nombreux prix couronnent son importante œuvre littéraire. Il publie en 1947 la biographie d'un homme d'État européen hostile à Napoléon, Friedrich von Gentz, et un livre sur les États-Unis en 1954. Les deux titres qui établissent sa réputation d'historien sont la vaste Deutsche Geschichte des 19. und 20. Jahrhunderts (Histoire de l'Allemagne aux xixe et xxe siècles, 1958), et une volumineuse biographie, Wallenstein (1583-1634). Il dirige à partir de 1960 une Nouvelle Histoire mondiale. Ses souvenirs de jeunesse, Erinnerungen und Gedanken. Eine Jugend in Deutschland, parus en 1986 chez S. Fischer, connaissent un grand succès.

Il a apporté son soutien à des hommes politiques aussi différents que Konrad Adenauer, Willy Brandt, Franz Josef Strauss et Hans Filbinger. Servi par une vaste culture, il s'est affirmé comme un esprit indépendant, à la fois ironique et modeste. Il est mort le 7 avril 1994.

— Henri MÉNUDIER

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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