GONDWANA
Reconstitutions et fragmentation du Gondwana
Dans l'esprit de nombreux géologues contemporains, le Gondwana était constitué d'un bloc compact autour du pôle (Sud) du Paléozoïque supérieur, rassemblant, comme on vient de le voir, Amérique du Sud, Afrique, Arabie, Madagascar, Inde, Australie et Antarctique. Cependant, à la suite des nombreux travaux réalisés notamment en Asie méridionale et autour du Pacifique, il s'avère que la réalité est beaucoup plus complexe. Nombre d'éléments continentaux, situés actuellement dans les chaînes alpines issues de la Téthys (cf. chaînesalpines, téthys), offrent en effet des affinités gondwaniennes. On est ainsi amené à replacer en position périgondwanienne certaines parties de l'Amérique centrale, du sud-ouest de l'Europe, de l'Asie du Sud-Ouest (Iran, Afghanistan) et du Sud-Est (Birmanie, Thaïlande...), et du Pacifique occidental (cf. téthys, ). Par ailleurs, les relations paléogéographiques des composantes essentielles du Gondwana sont également sujettes à variations selon les chercheurs et, surtout, selon le type de données sur lesquelles elles se fondent (paléontologiques, lithologiques, structurales, paléomagnétiques). Si les relations Amérique du Sud-Afrique-Arabie, d'une part, Australie-Antarctique, d'autre part, sont bien étayées, en revanche, les relations entre ces deux ensembles ainsi qu'avec Madagascar et l'Inde sont encore discutées. La figure illustre deux des propositions les plus récentes à ce sujet.
Cependant, dans de très nombreux cas, d'excellentes corrélations sont établies, sur le terrain, entre de vastes zones de continents maintenant très éloignés. Prenons comme modèle de ce type de corrélation par cartographie et travaux de terrain un exemple proposé par D. Reyre. Traitant du bassin sédimentaire côtier du bas Congo-Gabon, il met en évidence les corrélations entre les formations entourant le craton du Congo, en Afrique, et celui de São Francisco, au Brésil, ces cratons étant stables depuis près de deux milliards d'années (Francevillien épicontinental non métamorphique sur le socle archéen/éburnéen). À la limite des deux cratons se situe la suture qui a vu naître la chaîne métamorphique du Mayombé (1,3 à 1 Ga), parallèle à la côte atlantique actuelle de l'Ogooué au Congo (cycle kibarien-brésilien).
L'emplacement de cette suture sera ensuite occupé par un bassin du Précambrien supérieur non métamorphique, plissé et déformé en écho à l'orogenèse panafricaine (650 Ma environ) qui ne se développera avec ampleur qu'à l'ouest du craton de São Francisco et au nord du craton congolais. La suture mayombienne sera recouverte au Carbonifère de bassins continentaux avec des tillites du type Dwyka et, ensuite, de Permien, de Dogger et de Crétacé. La situation est analogue au Brésil, à la marge des bassins de Sergipe-Alagoas et de Recôncavo-Tucano.
Ces observations établissent donc l'homogénéité du comportement continental africano-brésilien au cours du Paléozoïque et de la première moitié du Mésozoïque. On observe ainsi une concordance parfaite des séries et des structures.
C'est également dans ce cadre que sont discutés les rapports entre les marges nord-gondwaniennes et les éléments continentaux situés au nord (Amérique du Nord, Europe du Nord, Sibérie, Kazakhstan, Tibet, Chine du Nord et du Sud, etc.). Diverses reconstitutions de la Pangée ont ainsi été proposées : dans la « Pangée A », la plus couramment admise, la côte nord-ouest de l'Afrique se trouve en face de la côte atlantique des États-Unis ; dans la « Pangée B », le nord de l'Amérique du Sud est situé en face de la côte est des États-Unis ; dans la « Pangée C », le nord de l'Amérique du Sud s'emboîte dans le sud de l'Europe. En outre, dans le cadre de l'hypothèse de l'expansion de la Terre, rejetée par la grande majorité[...]
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Écrit par
- Alain BLIECK : docteur ès sciences (doctorat d'État), agrégé de l'Université, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Michel WATERLOT : docteur ès sciences, professeur de géologie à l'Université des sciences et techniques de Lille
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