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GOODMAN BENJAMIN dit BENNY (1909-1986)

L'instrument n'est pas de ceux qui déchaînent habituellement le délire des foules. Difficile pourtant d'imaginer renommée aussi vaste et gloire plus universelle que celles qui s'attachent au plus prestigieux des maîtres de la clarinette et à l'un des plus célèbres chefs d'orchestre américains. Devant la puissance de cette lame de fond, avocats du génie et procureurs de l'imposture s'affrontent. Benny Goodman a laissé, il est vrai, se multiplier autour de lui bien des malentendus qui lui ont valu d'être exclu ou revendiqué avec la même énergie. Voyageur sans attaches, il a tour à tour visité l'univers de la musique savante, le monde du jazz et le domaine du simple divertissement populaire sans jamais laisser véritablement son cœur en gage.

Le temps du swing

L'insaisissable clarinettiste semble jeter un regard placide et souriant sur la violence de la dispute. Une vie sans humiliation majeure abritée des tempêtes qu'y soulèvent souvent la drogue, les femmes ou l'alcool, la vie somme toute bourgeoise d'un homme d'affaires convenable et pratique se reflète dans une musique qui ne saurait passer pour celle d'un artiste maudit. Grâce à ce « cocktail » très américain de chance et de talent, Benny Goodman offre à l'histoire du jazz - la chose n'est pas si fréquente - plus de vingt ans de succès sans faille et l'image même de la réussite.

Benjamin David Goodman voit le jour le 20 mai 1909 dans un ghetto de Chicago. Son père, juif russe immigré, gagne sa vie comme tailleur. La famille est pauvre, nombreuse mais passionnée de musique. Ses trois frères, Harry, Irving et Freddie feront modestement carrière sans y gagner un prénom. L'enfance et l'adolescence du jeune Benny vont être illuminées par l'arrivée dans sa ville natale d'étoiles de première grandeur comme Jimmy Noone et Sidney Bechet (1917), King Oliver (1918) et Johnny Dodds (1920). Au collège qu'il fréquente (I'Austin High School), ses aînés s'enthousiasment – ils s'appellent Frank Teschenmacher, Jimmy McPartland et Bud Freeman – et fondent l'Austin High School Gang, dont il ne peut faire partie en raison de son jeune âge. C'est à dix ans qu'il fait ses premières armes dans l'orchestre de la synagogue du quartier. Il commence à étudier la clarinette à Hull House. Le musicien classique Franck Schoepp, qui fut le formateur de Buster Bayley et de Jimmy Noone, lui donne des lecons qui le marqueront à jamais. Le jeune instrumentiste se révèle extraordinairement doué et, dès ses douze ans, se retrouve en professionnel dans les orchestres de fosse de Chicago. En 1926, il est engagé par le batteur Ben Pollack, avec qui il restera jusqu'à l'âge de vingt ans, époque qui coïncide avec le grand krach boursier et la dissolution de la formation.

Ses premiers enregistrements datent de cette période. Il s'installe à New York en 1929 en artiste indépendant et, dans les studios qu'il fréquente de plus en plus, retrouve les musiciens d'une indiscutable stature que sont Red Nichols, Whoopee Makers, Phil Napoleon, Eddie Lang, Jack Pettis, Rube Bloom, Bix Beiderbecke, Bud Freeman, Hoagy Carmichael, Ted Lewis, Joe Venuti, Adrian Rollini, Jack Teagarden, Red Norvo et, last but not least, Bessie Smith. John Hammond, amateur fortuné qui poussera sa passion jusqu'à devenir l'un des premiers et plus grands critiques de jazz, le remarque et lui permet de constituer son premier orchestre pour y jouer sa propre musique. En 1934, il se voit confier à la N.B.C. l'émission la plus populaire du samedi soir, Let's Dance, dont les ravages bouleversent les foyers les plus reculés des États-Unis. C'est le début du swing-craze, de cette folie du swing qui fait tourner la tête de toute une génération d'adolescents, c'est le début de l'irrésistible[...]

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Médias

Benny Goodman - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Benny Goodman

Gene Krupa - crédits : Ronald Startup/ Picture Post/ Getty Images

Gene Krupa

Béla Bartók, Benny Goodman, Jospeh Szigeti - crédits : Archive Photos

Béla Bartók, Benny Goodman, Jospeh Szigeti

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