Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GOSPEL

Version discographique des negro spirituals, le gospel prend son essor aux États-Unis dans les années 1930. Il est à l'origine de nombreuses musiques vocales noires américaines comme le doo-wop et la soul.

Dans les pratiques musicales des esclaves, le shout*, survivance vivace des traditions africaines, occupe une place centrale. Après l'office, on se retrouve pour un rituel gestuel et musical qui contourne l'interdiction de danser (on ne croise jamais les jambes). Cette pratique entretient le lien social en perpétuant une partie des rites ancestraux. Dès la fin de la guerre de Sécession, des ensembles vocaux comme les Fisk University Jubilee Singers de l'université noire Fisk, de Nashville (Tennessee), vont largement diffuser le répertoire vocal afro-américain composé de negro spirituals et de chants profanes.

Des negro spirituals au gospel

Le gospel (« évangile », en anglais) est le prolongement de ces différentes pratiques ou plutôt l'adaptation au marché, vers 1930, du negro spiritual, le développement rapide de la radio et du disque 78-tours contribuant au succès de cette musique religieuse teintée de blues.

Cette forme vocale sacrée a longtemps été chantée a cappella. Comme dans les spirituals, des épisodes des Évangiles sont mis en musique lors d'un dialogue chanté entre un prêcheur et un chœur mixte. Selon une formule proche de celle des chants de travail des esclaves ou des spirituals, le soliste « dirige » le chœur par son contrôle de la dynamique et ses sollicitations mélodiques. Cette technique de l'appel-réponse* est ouverte et enrichie puisque, à l'intérieur du groupe, les chanteurs sont libres de sortir de la ligne conductrice pour faire « glisser leurs voies » grâce à un apport personnel. Souvent, la réponse du chœur devient donc une polyphonie improvisée qui peut produire sur l'assistance « participante » et sur les chanteurs eux-mêmes un effet quasi fusionnel.

Dans les années 1930, de nombreux groupes vocaux deviennent à la mode : Spirit of Memphis, Sensational Nightingales, qui combat le racisme, The Soul Stirrers (le groupe de Sam Cooke), Staple Singers, un groupe féminin très en vogue qui s'adonnera plus tard à la soul music...

Sister Rosetta Tharpe (1921-1973) est la première star du gospel ; elle pratique néanmoins toutes sortes de styles, dont le blues, ce qui lui vaut la désapprobation d'une partie de la communauté noire. À partir de 1947, elle travaille au côté de Marie Knight (1920-2009) dans un répertoire uniquement sacré.

Sur la trace de Sallie Martin (1895-1988) et de Willie Mae Ford Smith (1906-1994), Mahalia Jackson (1911-1972) devient une des plus grandes voix du gospel. Elle enregistre à partir de 1937 sous la direction du producteur et compositeur à succès Thomas A. Dorsey (1899-1993), flirtant avec le jazz, se produisant au Carnegie Hall de New York et défendant la cause des Noirs au côté de Martin Luther King. Citons encore, parmi les grands interprètes du gospel, Brother Joe May (1912-1972) et Professor Alex Bradford (1926-1978).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

Classification

Autres références

  • NEGRO SPIRITUAL ET GOSPEL

    • Écrit par
    • 3 176 mots
    • 3 médias

    Les chants évangéliques noirs des États-Unis, les gospel songs (de Gospel, Évangile), constituent le domaine le plus authentiquement populaire de la musique afro-américaine. Chaque dimanche, les temples méthodistes, baptistes, pentecôtistes, sanctifiés résonnent de millions de voix qui louent...

  • BROWN JAMES (1928 ou 1933-2006)

    • Écrit par
    • 1 166 mots
    • 1 média
    ...pour vol de voitures. Condamné à une peine de huit à seize ans de prison, il est relâché trois ans plus tard pour bonne conduite. Il forme un quatuor de gospels, The Flames (qui prendra en 1956 le nom de James Brown And The Famous Flames), qui attire l'attention du chanteur de rhythm and blues et...
  • BURKE SOLOMON (1936 env.-2010)

    • Écrit par et
    • 440 mots

    En mêlant, au début des années 1960, le gospel des églises afro-américaines avec le rhythm and blues, le chanteur américain Solomon Burke s'est affirmé comme l'un des pionniers de la musique soul. Il est l'auteur des mythiques Everybody Needs Somebody to Love (1964), immédiatement...

  • COOKE SAM (1931-1964)

    • Écrit par et
    • 442 mots

    Chanteur, compositeur et producteur américain, né le 22 janvier 1931 à Clarksdale (Mississippi), mort le 11 décembre 1964 à Los Angeles (Californie).

    Sam Cooke (de son vrai nom Samuel Cook) est une figure majeure de la musique populaire américaine et, avec Ray Charles, l'une des voix noires les...

  • DUKE AND PEACOCK RECORDS

    • Écrit par et
    • 264 mots

    Une décennie avant l'ascension de Motown, le label discographique afro-américain Duke and Peacock Records, né à Houston, est déjà une entreprise florissante. Don D. Robey, propriétaire de boîte de nuit soupçonné d'accointances avec la pègre, fonde Peacock Records en 1949 ; il va gérer sa firme...

  • Afficher les 16 références