KELLER GOTTFRIED (1819-1890)
S'il faut classer Gottfried Keller, c'est évidemment parmi les conteurs réalistes qu'on lui assignera sa place. Pourtant son charme n'est pas seulement dans la fidélité avec laquelle il fait revivre les gens de son pays et de sa ville natale de Zurich, mais tout autant dans les inventions de son imagination parfois baroque et dans la souveraineté d'un caractère parfaitement sincère et droit, qui montre par des exemples, et non sans humour, sa haine de l'affectation et sa sympathie pour ceux qui connaissent et respectent la beauté de la vie et la noblesse morale. En même temps, cet esprit original est porté par les idées maîtresses de son temps : athéisme, démocratie, patriotisme.
Poésie et polémique
Keller était un enfant du peuple, élevé par une mère pauvre, dans un milieu d'artisans ou d'humbles employés. Aussi les idées démocratiques ne furent-elles jamais pour lui seulement des idées, elles furent vécues comme des exigences de la réalité, suivant les conditions de la vie politique de sa ville natale. Keller fut un homme de 1848. Comme Heine et les écrivains de la Jeune Allemagne, il a affirmé pendant un temps que l'art et la poésie devaient se mettre au service du progrès politique. Les poèmes des recueils de 1846 et 1851 répondent en majorité à cette intention. Mais ils sont dépourvus du pathos révolutionnaire d'un Herwegh, comme aussi bien de l'ironie sarcastique d'un Heine. Il n'y a pas de rupture entre les poèmes politiques et ceux qui peignent une expérience de la vie ou de l'amour.
Keller ne se convertit à l'athéisme qu'en 1848-1849, lors de son séjour à Heidelberg, sous l'influence personnelle de Feuerbach. L'athéisme a été pour lui un facteur capital de la maturation de sa personnalité, et non pas d'abord un élément de ses luttes politiques.
En vieillissant, Keller se détacha toujours davantage des théories et prit pour seule règle, à la suite de Goethe, l'équilibre et l'authenticité de la personnalité. Après avoir fréquenté les milieux littéraires de Berlin (1850-1855), il passa les trente-cinq dernières années de sa vie à Zurich, indépendant d'abord, puis très occupé par les fonctions de secrétaire du gouvernement (1861-1876). Il s'opposa au nouveau parti démocrate à partir du moment où fut débattue la réforme de la constitution (1868). Dans son pessimisme grandissant, il ne faisait plus qu'une confiance limitée au peuple, auquel allait pourtant encore sa sympathie.
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Écrit par
- Maurice MARACHE : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Nice
Classification
Média
Autres références
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- Écrit par Alain FÉRON
- 1 219 mots
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