GRAFFITI
Le graffiti au XXe siècle : du territoire à l'œuvre d'art
Au xxe siècle, les graffiti étaient, aux États-Unis comme en Europe, étroitement associés aux gangs. Ces derniers les utilisaient à diverses fins : marquer ou revendiquer un territoire, commémorer un membre décédé, glorifier un acte commis par un membre du gang ou encore lancer un défi à un rival. Les graffiti, particulièrement fréquents dans les grandes villes, prennent souvent pour cible les stations de métro, les panneaux d'affichage et les murs. Les années 1990 ont vu naître une nouvelle forme de graffiti : le tag. Ce dernier consiste à utiliser de façon répétée un ou plusieurs symboles pour marquer un territoire. Afin d'attirer l'attention au maximum, il est habituellement réalisé dans des quartiers stratégiques ou centraux.
Certains observateurs considèrent les graffiti comme une forme d'art public, qui perpétue la tradition des fresques commandées par l'administration américaine pendant la grande dépression et renvoie par exemple à l'œuvre de Diego Rivera au Mexique. Comme les fresques signées par des artistes, certains graffiti remarquables peuvent embellir un quartier et évoquer les intérêts d'une communauté particulière. Ainsi, les graffiti très élaborés réalisés dans de nombreux quartiers hispaniques aux États-Unis sont considérés par un grand nombre comme une forme d'art urbain. La question de savoir si ces œuvres constituent une forme artistique innovante ou une dégradation de biens publics fait cependant débat.
Les graffiti sont devenus l'une des caractéristiques distinctives de New York à la fin du xxe siècle. Les immenses graffiti multicolores très élaborés peints à l'aérosol sur les murs des bâtiments et les rames du métro font désormais partie du paysage urbain. La fascination du monde de l'art pour des artistes qui travaillaient en dehors des galeries traditionnelles suscita un regain d'intérêt pour cette forme d'expression. Dans les années 1980, des artistes new-yorkais tels que Keith Haring et Jean Michel Basquiat devinrent célèbres par leurs graffiti avant d'être courtisés par les galeries.
Dans la plupart des pays, les graffiti, considérés comme un acte de vandalisme, sont interdits par la loi, et parfois sévèrement punis. Dans les années 1980 et 1990, de nombreuses villes ont tenté de faire disparaître les graffiti, craignant qu'ils dévalorisent la communauté. Des sommes considérables ont ainsi été dépensées pour les nettoyer. Certaines villes ont même introduit volontairement des fresques ou laissé des murs vierges pour que les auteurs de graffiti expriment librement, et en toute légalité, leur créativité artistique.
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Écrit par
- Glen D. CURRY : professeur de criminologie et de justice pénale à l'université du Missouri, Saint Louis (États-Unis)
- Scott H. DECKER : professeur de criminologie et de justice pénale à l'université du Missouri, Saint Louis (États-Unis)
- William P. MCLEAN : docteur en ethnologie de l'université de Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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