GRAMMAIRE COMPARÉE DES LANGUES INDO-EUROPÉENNES, Franz Bopp Fiche de lecture
Après avoir conduit des études classiques en Allemagne, Franz Bopp (1791-1867) s'installe en 1812 à Paris. Durant quatre années, il se consacre aux langues orientales, notamment l'arabe et le sanscrit dont il poursuit l'étude à Londres. Nommé en 1821 professeur de littérature orientale et de linguistique générale à l'université de Berlin grâce à la protection de Wilhelm von Humboldt, il y accomplit toute sa carrière. Auteur dès 1816 d'un travail qui le signale comme le fondateur du comparatisme, Sur le système de conjugaison du sanscrit comparé à celui des langues grecque, latine, perse et germanique (en allemand), Bopp rédige sa Grammaire comparée des langues indo-européennes de 1833 à 1852, consacrant le reste de sa vie à la révision de cette œuvre. Michel Bréal en donne une traduction française en 1866-1874.
Les familles de langues
Bopp est à l'origine de l'invention d'une linguistique scientifique et, à ce titre, d'une révision majeure concernant les conditions de possibilité d'un savoir sur les faits de culture. En rapprochant une dizaine de langues et en démontrant leur parenté par la confrontation de leurs paradigmes de déclinaison et de conjugaison, il a posé à la fois la méthode et les principes du comparatisme et de la linguistique historique. Il a rompu avec la tradition littéraire et philologique pour mettre en évidence les conditions de fonctionnement d'un « organisme », c'est-à-dire d'un système en évolution. Bopp a refusé fermement une exploitation « raciale » de son travail.
En préambule à sa Grammaire comparée des langues indo-européennes, Bopp présente ainsi son travail : « Je me propose de donner dans cet ouvrage une description de l'organisme des différentes langues qui sont nommées sur le titre, de comparer entre eux les faits de même nature, d'étudier les lois physiques et mécaniques qui régissent ces idiomes, et de rechercher l'origine des formes qui expriment les rapports grammaticaux. Il n'y a que le mystère des racines ou, en d'autres termes, la cause pour laquelle telle conception primitive est marquée par tel son et non par tel autre, que nous nous abstiendrons de pénétrer ; nous n'examinerons point, par exemple, pourquoi la racine I signifie « aller » et non « s'arrêter », et pourquoi le groupe phonique STHA ou STA veut dire « s'arrêter » et non « aller ». À la réserve de ce seul point, nous chercherons à observer le langage en quelque sorte dans son éclosion et dans son développement. [...] La signification primitive et par conséquent l'origine des formes grammaticales se révèlent, la plupart du temps, d'elles-mêmes, aussitôt qu'on étend le cercle de ses recherches et qu'on rapproche les unes des autres les langues issues de la même famille, qui, malgré une séparation datant de plusieurs milliers d'années, portent encore la marque irrécusable de leur descendance commune. »
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gabriel BERGOUNIOUX : professeur à l'Université d'Orléans
Classification
Autres références
-
INDO-EUROPÉEN
- Écrit par Guy JUCQUOIS
- 7 929 mots
- 1 média
...système de conjugaison sur cinq langues indo-européennes appartenant à des groupes différents : le sanskrit, le grec, le latin, le persan et le gotique. Dix-sept ans plus tard, le même auteur entreprend la publication d'une volumineuse grammaire comparée dans laquelle il utilise en outre le lituanien, l'avestique...