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GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) La tradition arabe

La syntaxe (naḥw) : objet, but et composantes

Utilisé comme terme descriptif par les premiers grammairiens pour désigner le mode ou la façon de parler des Arabes dont les grammairiens recueillent et analysent les productions langagières, le terme naḥw – cf. l'usage de naḥw dans le Kitāb de Sībawayhi ; pour un commentaire de cette utilisation, cf. Carter (1972), Carter (1973) ; cf. aussi l'ambiguïté de la définition de naḥw chez Ibn Ǧinnī (I, 34) qui désigne beaucoup plus l'usage des règles que les règles elles-mêmes – acquiert, dans les définitions tardives, l'acception de « grammaire » (cf. les définitions des grammairiens cités dans al-Suyūṭī, kit, 6). C'est une science (ṣinā‘a ‘ilmiyya), établie par les premiers grammairiens, qui dégage, à partir de l'examen des énoncés de référence (kalām al-‘arab), l'ensemble des critères (maqāyīs) par lesquels on reconnaît le correct (aṣ-ṣaḥīḥ) de l'incorrect (al-fāsid). Par ailleurs, naḥw, utilisé dans une acception restrictive par opposition à taṣrīf, désigne la syntaxe : c'est dans cette acception qu'il est utilisé dans als-Suyūṭī, kit., 85 (cf. aussi al-Astarābāḏī, 7).

L'objet de la syntaxe est toute séquence linguistique correcte conçue comme structure organisée (l'organisation est pensée en termes de aqd et de tarkīb : les séquences linguistiques ne sont pas conçues comme de simples concaténations de mots ; cf. Ibn Ǧinnī, I, 17 ; Ibn Hišām, 490, 91 ; Ibn Ya‘īš, I, 18 sqq. ; as-Suyūṭī, ham‘, 29 sqq., al-Astarābāḏī, I, 7, 8). La syntaxe inclura donc l'étude des structures où il n'existe aucune prédication (ex. : les génitifs adnominaux), celles où il existe une relation prédicative ('isnād) sans qu'il y ait de phrase (ex. : les structures construites avec les déverbaux), l'étude des phrases (ǧumla) et enfin l'étude du kalām, c'est-à-dire des phrases pourvues d'une autonomie sémantique.

Le but essentiel de la syntaxe est de déterminer le 'i‘rāb qui affecte le kalām (cf. par exemple al-Astarābāḏī, 7). 'i‘rāb a une acception restreinte de détermination des flexions désinentielles et une acception large de détermination des ma‘ānī syntaxiques, telles les fonctions grammaticales (cf. Ibn Ǧinnī, I, 35), par l'intermédiaire des flexions désinentielles.

L'assignation du 'i‘rāb est sous-tendue par deux théories fondamentales : la théorie des catégories grammaticales et celle du gouvernement (amal). Nous utilisons ici le terme sans aucune connotation théorique extrinsèque. Par ailleurs, il est ici explicité dans ses dimensions syntaxiques ; nous mettons entre parenthèses la discussion sur l'origine du āmil (a-t-il pour origine la volonté de Dieu ou celle du sujet parlant ?).

Théorie des catégories grammaticales

Les parties du discours sont au nombre de trois : le nom (al-ism), le verbe (al-fi‘l) et la particule (al-ḥarf). Les critères qui fondent cette partition diffèrent selon les grammairiens : critères sémantiques (le nom étant par exemple une forme qui désigne sans référence au temps) ou critères formels (le nom étant par exemple la catégorie grammaticale qui prend l'article, le cas oblique...).

Théorie du gouvernement

Le gouvernement est une relation entre deux éléments soumise à plusieurs principes généraux : nature de l'élément gouverneur (āmil), de l'élément gouverné (ma‘mūl), principes qui régissent la relation entre éléments gouverneurs et éléments gouvernés (ordre respectif des deux éléments, d'où l'importance dans la grammaire du concept de mawḍi (position) ; unicité du gouverneur ; « spécialisation » des gouverneurs...).

Ces principes expliquent la possibilité de certaines opérations grammaticales[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle (linguistique), lecteur à l'université de Paris-III
  • : docteur ès lettres, directeur de l'Institut français d'études arabes de Damas
  • : agrégé d'arabe, pensionnaire scientifique à l'Institut français d'études arabes de Damas
  • : agrégé d'arabe, docteur de troisième cycle en linguistique, C.N.R.S.

Classification

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