GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) La tradition arabe
Phonétique
Dans les grands traités des grammairiens, la phonétique n'occupe qu'une place minime, à la fin de l'ouvrage. Il existe néanmoins des traités qui lui sont spécifiquement consacrés, comme le Sirr ṣinā‘at al-'i‘rāb d'Ibn Ǧinnī (voir Fleisch, 1958). Cet aspect mineur des théories des grammairiens arabes a été abondamment étudié par les orientalistes et les linguistes contemporains. Les grammairiens arabes sont parvenus très tôt à des descriptions élaborées qui ne semblent pas avoir fondamentalement évolué ensuite.
D'après le Kitāb de Sībawayhi, les segments [-syllabiques] (ḥarf) sont au nombre de 29, nombre qui atteint 42 lorsque sont prises en compte les variantes (6 validées et 7 non validées). Les zones d'émission (16 selon Sībawayhi) font l'objet d'une description très fine (voir Fleisch, 1961, et Roman, 1977). Plusieurs traits organisent ces segments, en particulier une opposition maǧhūr/ mahmūs qui a fait l'objet d'interprétations contradictoires (voir Blanc, 1967, et Roman, 1977), les maǧhūr étant : hamza, 'alif, ‘ayn, ġayn, qāf, ǧīm, yā', ḍād, lām, nūn, rā', ṭā', dāl, zāy, ḍā', ḏāl, bā', mim, wāw (soit 19 segments) et les mahmūs : hā', ḥā', ẖā', kāf, šin, sīn, tā', ṣād, ṯā', fā' (soit 10 segments) ; et une opposition šadīd/riẖw qui correspond, en gros, à l'opposition [+/− continu] (cf. Fleisch, 1961, et, pour une étude plus approfondie, Roman, 1977). Un trait, 'iṭbāq, distingue les emphatiques des autres segments ; son interprétation à la lumière des recherches phonétiques plus récentes a prêté à controverse (voir Roman, 1977, et Ghazeli, 1977).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Georgine AYOUB : docteur de troisième cycle (linguistique), lecteur à l'université de Paris-III
- Georges BOHAS : docteur ès lettres, directeur de l'Institut français d'études arabes de Damas
- Jean-Patrick GUILLAUME : agrégé d'arabe, pensionnaire scientifique à l'Institut français d'études arabes de Damas
- Djamal Eddine KOULOUGHLI : agrégé d'arabe, docteur de troisième cycle en linguistique, C.N.R.S.
Classification
Autres références
-
ARABE (MONDE) - Langue
- Écrit par David COHEN
- 9 385 mots
- 3 médias
...c'est-à-dire qu'il en fût tiré un corps de règles, une claire description d'un usage devenu coercitif. La tradition impute l'initiative de la constitution d'une grammaire au calife ‘Alī, qui l'aurait ordonnée pour défendre précisément la pureté linguistique du texte sacré contre les risques de corruption que lui... -
ARISTOPHANE DE BYZANCE (257 av. J.-C.?-? 180 av. J.-C.)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 192 mots
Directeur de la bibliothèque d'Alexandrie vers ~ 195, Aristophane de Byzance publia une version d'Homère, la Théogonie d'Hésiode, Alcée, Pindare, Euripide, Aristophane et peut-être Anacréon. Un grand nombre des « arguments » qui figurent au début des manuscrits de comédies et...
-
BEAUZÉE NICOLAS (1717-1789)
- Écrit par Michel BRAUDEAU
- 278 mots
Né à Verdun, Beauzée s'attache d'abord aux sciences et aux mathématiques avant de s'intéresser à la grammaire. Lorsque Dumarsais meurt en 1756, Beauzée lui succède à la rédaction des articles de grammaire de l'Encyclopédie. Il publie en 1767 sa Grammaire générale ou...
-
CORAN (AL-QURĀN)
- Écrit par Régis BLACHÈRE et Claude GILLIOT
- 13 315 mots
- 1 média
...qui faisait de la langue arabe en général, et du texte coranique en particulier, l'insurpassable expression de la transcendance elle-même. Commentaires grammaticaux et recherches philologiques n'ont donc pas été, dans l'Islam des origines et jusque dans le monde islamique contemporain, des disciplines... - Afficher les 32 références