GRAND PRÊTRE, Israël
Titre donné dans l'ancien Israël au titulaire du sacerdoce suprême (hébr. kohen gadol, ha-kohen, kohen ha-roš). Ses attributions majeures sont définies dans l'Exode, dans le Lévitique et dans les Nombres, ainsi que dans le traité talmudique Yoma. Le grand prêtre appartient à la descendance en ligne directe d'Aaron, frère de Moïse. À défaut d'héritier mâle, la dignité peut être dévolue au frère d'un grand prêtre décédé (Exode, xxviii, 1).
Des lois particulières s'appliquent au grand prêtre : sa généalogie ne doit être entachée d'aucune illégitimité, il ne peut épouser qu'une vierge israélite, il ne doit avoir aucun contact avec un mort. Il doit porter, pour accomplir ses fonctions, des vêtements décrits avec précision : « [...] un pectoral, un éphod, une robe, une tunique de mailles, une tiare et une écharpe [...] » (Exode, xxviii, 4), le tout en or, azur, pourpre, écarlate et lin fin. Sur le pectoral et sur l'éphod sont gravés les noms des douze tribus d'Israël, sur la tiare une plaque porte l'inscription « consacré au Seigneur ». Il porte encore les urim et thummim, grâce auxquels s'exerce la divination.
La principale fonction du grand prêtre résidait dans l'expiation qu'il faisait pour lui-même et pour le peuple d'Israël le jour sacré par excellence, Yōm Kippūr (jour de l'Expiation ; Lévitique, xvi). Cette cérémonie, qui comprenait l'entrée du grand prêtre dans le Saint des saints, des sacrifices et l'envoi au désert du bouc émissaire, chargé des péchés d'Israël, était préparée par sept jours de purification (cf. Mišna Yōma). Le grand jour venu, le grand prêtre bénissait le peuple et prononçait le Nom divin, qu'il était seul à connaître avec ses voyelles.
On distingue trois périodes dans l'histoire des grands prêtres d'Israël : depuis Aaron jusqu'au règne de David ; du règne de Salomon à la ruine du premier Temple ; enfin, la période du second Temple jusqu'à sa destruction. Durant la première période (du ~ xiiie s. au ~ xe s.), la fonction appartient à Aaron, puis à la lignée de son fils Éléazar jusqu'à Uzzi, elle passe ensuite aux descendants d'Ithamar, autre fils d'Aaron, jusqu'à Abiathar. Leur office est lié au sanctuaire portatif, la tente d'assignation, et à la garde de l'arche d'Alliance (onze titulaires). Durant la deuxième période, le sacerdoce suprême revient à la lignée d'Éléazar avec la nomination de Sadoc (ou Zadoq) par le roi Salomon (I Rois, ii, 35). La fonction acquiert, avec la construction du Temple, un lustre incomparable qu'elle conservera désormais. Parmi les onze grands prêtres ayant officié entre ~ 970 et ~ 586, l'un d'eux, Joïada (ou Joad), joue un rôle politique marquant : il renverse la reine Athalie au profit de son petit-fils Joas (II Rois, xi). Hilquiah fut l'initiateur de la grande réforme du roi Josias (~ 622) par sa découverte dans le Temple du « Livre de la Loi » (probablement le Deutéronome ; II Chroniques, xxxiv). Joçadak, le dernier grand prêtre du premier Temple, fut déporté à Babylone après la destruction par Nabuchodonosor (~ 586).
Au retour de l'Exil, le fils de Joçadak, Josué, fut investi du sacerdoce suprême avant même la construction du second Temple. Lui-même et surtout ses successeurs jouèrent un rôle politique bien plus important que durant la période précédente, au point de remplir la fonction de chefs de la nation juive. Le pontificat de Simon dit le Juste paraît avoir été exceptionnellement brillant. Au début du ~ iie siècle, Onias III fut déposé par le roi Antiochus IV Épiphane et remplacé par Jason, puis par Ménélas, qui se prêtèrent à l'hellénisation du Temple résolue par le souverain séleucide. Le soulèvement des Macchabées restaura en même temps[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gérard NAHON : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
Classification
Média
Autres références
-
AARON
- Écrit par André PAUL
- 384 mots
- 1 média
-
ANTIGONE (mort en 37 av. J.-C.) roi des Juifs (40-37 av. J.-C.)
- Écrit par Marguerite JOUHET
- 439 mots
Fils d'Aristobule II, Antigone est le dernier roi asmonéen. Son règne est marqué par la lutte pour le pouvoir entre les Asmonéens et les Hérodiens d'Idumée.
À son arrivée en ~ 63 en Judée, Pompée dépose le roi Aristobule II et l'emmène à Rome comme prisonnier où, libéré par...
-
APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES
- Écrit par Jean HADOT et André PAUL
- 9 937 mots
...vi, 14) ; l'autre, intérieure, au cœur de celle-ci, ou débir. Dans la seconde et intime partie de l'édifice, seul pouvait pénétrer le grand prêtre, une fois l'an, le jour de l'Expiation (Lév., xvi). Or cette configuration bipolaire du Temple historique de Jérusalem se trouve... -
JÉRUSALEM
- Écrit par Alain DIECKHOFF et Gérard NAHON
- 6 869 mots
- 10 médias
Après le Schisme (930 av. J.-C.), Jérusalem est la capitale du royaume de Juda. Le service divin est assuré par les Kohanim aaronides et legrand prêtre, qui seul peut pénétrer dans le saint des saints. Grâce aux dîmes dues aux prêtres et aux offrandes volontaires, le Temple acquiert de grandes... - Afficher les 12 références