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GRAND TRAITÉ D'INSTRUMENTATION ET D'ORCHESTRATION MODERNES, Hector Berlioz

Les grandes questions

Berlioz se penche plus particulièrement sur certaines questions : les registres, l'écriture pour les cordes et les instruments à vent, l'assemblage des timbres, etc.

À la question des registres, c'est-à-dire de l'étendue, qu'il expose instrument par instrument, il mêle celle des dynamiques, indiquant par exemple qu'il est impossible d'écrire un pianissimo pour une flûte que l'on fait sonner dans le suraigu.

Un long chapitre est consacré à l'écriture pour les cordes. Berlioz fournit une liste complète des triples et quadruples cordes jouables, aisées, malaisées ou impossibles, ainsi que l'explication des phrasés, des modes de jeux et des harmoniques. Il réhabilite l'alto – « De tous les instruments de l'orchestre, celui dont les excellentes qualités ont été le plus longtemps méconnues » –, donne des indications sur l'emploi des violoncelles dans l'aigu. Ce chapitre contient de nombreuses observations qui sont toujours d'actualité, puisque la facture des instruments à cordes n'a pas changé et que leur technique de jeu n'a pratiquement pas évolué : diversité des effets obtenus par les coups d'archet, jeu sur la touche, sur le chevalet, nomenclature des accords les plus sonores, description des différents trémolos (« brisés », « ondulés »), explications sur les différents pizzicatos (ordinaires, « à deux doigts sur le pouce »). On apprend également que, pour donner plus d'éclat au son du violon, Paganini haussait toutes les cordes d'un demi-ton.

Mais c'est avec les instruments à vent que Berlioz est le plus complet, montrant, par des exemples magnifiques, le génie propre de chaque instrument. Pour les bois, les trilles sont soigneusement classées, selon leur possibilités et leur fiabilité. Pour les cuivres, Berlioz rappelle les théories des harmoniques. Il intègre dans son traité l'étude des cornets à piston. Pour l'ensemble des cuivres, il évoque les différentes sourdines et les effets qu'elles produisent.

Au-delà de l'aspect technique, Berlioz s'exprime souvent de manière poétique, par exemple dans sa description du cor anglais : « C'est une voix mélancolique, rêveuse, assez noble, dont la sonorité a quelque chose d'effacé, de Lointain, qui la rend supérieure à toute autre, quand il s'agit d'émouvoir en faisant renaître les images et les sentiments du passé, quand le compositeur veut faire vibrer la corde secrète des tendres souvenirs. »

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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