INVASIONS GRANDES
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Les envahisseurs de 406
L'effondrement des défenses romaines sur le Danube devant les Gots et les Huns n'affecta d'abord pas le limes du Rhin et de l'avantpays alpin. Mais celui-ci fut emporté en 405-406 par un vrai raz-de-marée qui déferla sur l'Italie, la Gaule, l'Espagne et l' Afrique. Les causes précises de la catastrophe se laissent mal évaluer, quoique le remue-ménage causé par l'installation des Huns au centre de l'Europe, l'affaiblissement interne de l'Occident par les luttes pour le pouvoir et les crises sociales y aient joué un rôle évident. Les auteurs de la percée ne furent pas des peuples de premier plan et leurs réalisations politiques n'eurent pas la qualité de celles des Gots.
La première entreprise fut celle de Radagaise, un chef de bande qui entra en Italie en 405 par le nord-est et atteignit la Toscane, où il fut écrasé près de Fiesole par le « maître de la milice » vandale de l'empereur Honorius, Stilicon (août 406). Cette équipée sans lendemain rappelle plus les pénétrations du iiie siècle que les migrations qui suivirent.
Quelques mois plus tard, le 31 décembre 406, le Rhin fut franchi près de Mayence par un ensemble incohérent de peuples barbares. La plupart étaient encore des Germains du groupe ostique (Vandales, Burgondes) ou du groupe westique (Suèves), mais, comme on l'a vu, les Alains se joignirent à eux. Pendant quelques années, les envahisseurs se déchaînèrent en Gaule sans aucun plan, tournant en tous sens, sans que les armées romaines parviennent à les en empêcher – on avait pourtant rappelé toutes les garnisons de la Bretagne. Puis une décantation s'opéra et les peuples qui avaient gardé quelque cohésion gagnèrent les uns l'Espagne, les autres la région subalpine. Ils y firent une longue carrière.
Les Vandales
Les Vandales, comme les Gots, étaient issus de Scandinavie, sans doute de la province danoise de Vendsyssel, au nord du Jutland ; mais, dès le ier siècle de notre ère, ils étaient établis sur la côte méridionale de la Baltique, entre Oder et Vistule. Peu après, ils se scindèrent en deux groupes : les Silings, qui gagnèrent la Silésie (elle leur doit son nom) et les Hasdings, qui s'établirent un peu plus au sud-est. Ils restèrent un peu plus d'un siècle dans ces nouveaux habitats. Puis, au milieu du iiie siècle, on les retrouve beaucoup plus à l'ouest : les Hasdings en Pannonie et les Silings en Franconie. Vers 400, l'intrusion des Huns força les premiers à se rabattre vers le Rhin moyen. Les deux groupes le franchirent de conserve en 406, puis errèrent en Gaule durant trois ans. En 409, ils se ruèrent sur l'Espagne, accompagnés des Suèves et d'une partie des Alains. Une fois les Pyrénées franchies, ils se répartirent le pillage et l'exploitation de la péninsule. Les Hasdings reçurent un lot en Galice, les Silings en Bétique (Andalousie). Ils n'en jouirent pas longtemps : dès 418, l'Empire envoya les Visigots de Wallia à leurs trousses, les Silings furent anéantis. Restaient les Hasdings : ils passèrent à leur tour en Bétique (419), puis commencèrent à sonder l' Afrique romaine, au-delà de Gibraltar. En effet, par une mutation difficile à expliquer, ce peuple terrien se découvrit alors une vocation maritime qui dura plus d'un siècle.
Le roi Genséric (ou Geiseric) décida en 429 de transférer son peuple et les débris des Alains en Afrique. Après avoir débarqué à Tanger, l'armée s'achemina lentement, par voie de terre, en direction de Carthage. Pendant un an, elle fit le siège d'Hippone, au cours duquel mourut saint Augustin. En 435, Genséric traita avec les autorités romaines : on lui abandonnerait l'ouest de l'Afrique utile. Il ne s'en accommoda pas longtemps : le 19 octobre 439, il enlevait Carthage par surprise. La ville devait rester[...]
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Écrit par
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
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