GRANDS LACS AMÉRICAINS

Enjeux environnementaux

Dès 1909, le long de leur frontière, le Canada et les États-Unis ont créé la Commission mixte internationale (CMI) dans le but d’assurer une gestion commune des eaux lacustres et fluviales. Ses attributions ont été étendues en 1972 par l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs.

Plusieurs problèmes environnementaux affectent la région des Grands Lacs. Celui des niveaux d’eau est particulièrement aigu. Ne disposant pas d’affluents importants, les Grands Lacs sont tributaires des précipitations pour maintenir les niveaux d’eau, qui changent d’une journée à l’autre, d’une saison à l’autre et d’une année à l’autre. Le rythme annuel apparaît cyclique et peut varier jusqu’à deux mètres. Des mesures très strictes sont adoptées pour empêcher le transfert de ressources hydriques entre bassins versants, dont celui du Mississippi et de la baie d’Hudson, qui affecterait le débit du fleuve Saint-Laurent.

Les Grands Lacs sont au cœur d’une importante région industrielle où les déversements accidentels (dus à des phénomènes météorologiques ou aux pratiques de l’industrie) ne sont pas rares. Par ailleurs, plus de 20 milliards de tonnes de déchets sont rejetées dans les eaux chaque année. Dans les États des Grands Lacs, 184 communautés ont un système combiné d’égout et de permis de déversement direct des eaux usées dans les eaux tributaires des Grands Lacs, dont 164 dans les bassins des lacs Érié et Michigan. Le problème réside dans le nombre très faible de municipalités qui traitent leurs eaux usées, de surcroît avec des équipements performants. La CMI assume la responsabilité à l’égard de la qualité de l’eau et propose des solutions aux gouvernements canadien et américain incluant le remplacement du phosphate dans les détergents à lessive, de nouvelles pratiques agricoles qui réduisent le ruissellement des engrais et d’autres mesures pour couper les apports de phosphore dans les Grands Lacs.

La région des Grands Lacs est également affectée par les effets de la navigation sur la biodiversité. Des espèces envahissantes dont la moule zébrée, la lamproie marine et la carpe asiatique ont été introduites par les eaux de lest des navires océaniques. Non seulement elles causent d’importants dommages aux infrastructures telles que les réseaux de conduites, mais elles réussissent à concurrencer avec succès les espèces domestiques dont certaines ont déjà disparu, ce qui perturbe les écosystèmes. Plusieurs approches pro-actives ont été adoptées pour le renouvellement des eaux de lest des navires. Les navires qui entrent dans les Grands Lacs effectuent un changement d’eaux de lest en haute mer. Certains transporteurs ont conçu un système de traitement à bord des navires, fondé sur une combinaison d’hydrocyclones, de filtres et d’une technologie utilisant des rayons ultra-violets.

La région des Grands Lacs déploie des efforts considérables pour résoudre les problèmes soulevés par les processus de désindustrialisation, le déclin démographique et une crise urbaine généralisée. Le développement de la région s’oriente vers une économie de plus en plus axée sur la capacité d’innovation, l’émergence de nouvelles grappes technologiques, le maillage des chaînes de transport et de logistique et la protection de l’environnement. La réussite de cette réorientation dépendra largement de la promotion d’un développement économique durable fondé sur une collaboration transfrontalière.