- 1. L'avènement de l'Art nouveau
- 2. Les prémisses du design
- 3. Les avant-gardes constructivistes
- 4. France et Angleterre, entre tradition et modernité
- 5. Graphisme et photographie
- 6. La montée des totalitarismes
- 7. La guerre et le style suisse
- 8. Exceptions françaises et polonaises
- 9. Design et graphisme
- 10. Vers un nouveau lyrisme
- 11. La contestation
- 12. Le graphisme d'information
- 13. Nouveaux visages de la presse et de la télévision
- 14. La New Wave
- 15. Le graphisme contemporain
- 16. Bibliographie
GRAPHISME
La guerre et le style suisse
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'occupation d'une grande partie de l'Europe par les armées allemandes est accompagnée d'une intense propagande pour convaincre les populations des bienfaits du nazisme. Les mouvements de résistance vont élaborer une contre-information par voie de journaux, papillons et tracts, et engager une « guérilla des signes » : destruction et détournement des messages ennemis et diffusion de signes de ralliement comme le V de la victoire.
Les services de l'information britanniques et américains font appel aux meilleurs graphistes, dont beaucoup d'étrangers chassés d'Europe. L'Autrichien Joseph Binder, l'Italien Léo Lionni, le Français Jean Carlu travaillent pour l'U.S. Office of War Information, dont Bradbury Thompson est le directeur artistique. En Grande-Bretagne, Abram Games réalise, à partir de 1942, une importante série d'affiches pour le War Office. Les créations de F.H.K. Henrion sont diffusées mondialement par les Nations unies.
Les écoles suisses se sont renforcées grâce à l'apport des réfugiés allemands à partir du milieu des années 1930. À Zurich, avec Johannes Itten, à Bâle, autour d'Emil Ruder, se perpétue la leçon du Bauhaus. Ce dernier met au point une méthodologie fondée sur le gabarit modulaire et l'emploi des caractères linéales qui donne naissance au « style typographique international » ou style suisse. Celui-ci se déploie dans des compositions fonctionnelles, aux graphismes simples, clairs et directs. Josef Müller-Brockmann et Armin Hofmann en sont les plus célèbres représentants. De jeunes typographes – Edouard Hoffman et Max Miedinger, Adrian Frutiger – publient des caractères directement inspirés des théories de Ruder, respectivement l'Helvetica (1954) et l'Univers (1957). L'école supérieure de design d'Ulm (R.F.A.), créée en 1953 par Max Bill, contribue à l'épanouissement mondial du style suisse, de même que la revue Graphisme actuel, éditée de 1958 à 1965 par Richard-Paul Lohse, Josef Müller-Brockmann, Hans Neuberg et Carlo Vivarelli.
La leçon du Bauhaus est également perpétuée aux États-Unis par le New Bauhaus de Chicago, auquel contribue Moholy-Nagy ou le Hongrois György Kepes. Ce dernier, de 1946 à 1974, enseigne au M.I.T., y créant en 1967 le Centre for Advanced Visual Studies. Alexey Brodovitch enseigne quant à lui à la New School for Social Research ; Herbert Bayer à l'Aspen Institute, Colorado.
De jeunes graphistes formés par ces maîtres arrivent sur le devant de la scène, tels Gene Federico, Louis Danzinger ou Paul Rand. Ce dernier, responsable de la ligne graphique d'I.B.M. à partir de 1956, réalise un immense travail d'identité, décliné internationalement. Alvin Lustig s'affirme comme un tenant du modernisme dans le domaine de l'édition, ainsi que dans la presse magazine, de même que Bradbury Thompson, qui réalise les formules de nombreux périodiques, dont Smithsonian. Henry Wolf, Autrichien, émigré aux États-Unis en 1941, directeur artistique d'Esquire à partir de 1952, succède à Brodovitch au Harper's Bazaar, en 1958.
Autre particularité du graphisme américain, son avancée dans le domaine audiovisuel. William Golden réalise l'identité graphique de C.B.S., dès 1946, créant l'œil logotype symbolisant cette chaîne, en 1951, assisté puis relayé par Lou Dorfsman. Le travail de Saul Bass pour les génériques et bandes-annonces cinématographiques s'inscrit dans la mémoire collective, dont ceux de L'Homme au bras d'or (1955), d'Autopsie d'un meurtre (1959) d'Otto Preminger, de Psychose d'Alfred Hitchcock (1960).
En Italie, la leçon suisse est directement importée par Max Huber qui travaille à partir de 1946 pour La Rinascente et le circuit automobile de Monza. Giovanni[...]
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Écrit par
- Michel WLASSIKOFF : historien du graphisme et de la typographie, diplômé en histoire de l'École des hautes études en sciences sociales, Paris
Classification
Médias
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