GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) La religion grecque
L'époque classique
Il y a en apparence plus de stabilité à l'époque classique qui s'ouvre avec le triomphe des Grecs dans les guerres médiques. De fait, la religion civique connaît d'abord un extraordinaire essor, vite manifeste dans les grandes constructions d'Athènes et dans les représentations des Olympiens impassibles de Phidias. Mais vers 430 apparaissent des signes avant-coureurs d'une transformation qui se développe surtout au ive siècle et qui donne à la religion grecque une chaleur et un mysticisme jusque-là inconnus.
Essor de la religion civique
La Grèce sort paradoxalement victorieuse de la crise des guerres médiques : la ferveur envers les dieux ne laisse pas d'en être considérablement renforcée dans toutes les cités qui ont participé à la gigantesque mêlée.
C'est le cas notamment à Athènes. Les dieux et les héros de l'Attique ont lutté aux côtés des Athéniens, à Marathon comme à Salamine ; Athéna a fait repousser l'olivier sacré de l'Acropole, rasé par les Perses. La cité se sent entraînée dans un vif élan de gratitude, qui se traduit, notamment à Delphes, par l'érection d'ex-voto, par le trésor des Athéniens (élevé entre les deux guerres) et, à la génération suivante, par l'héroon où Phidias sculpte les statues de Miltiade et des dieux et héros nationaux.
Cet élan se traduit aussi par la reconstruction générale des sanctuaires, rendue nécessaire par les dévastations des Perses. Si elle est relativement lente et si l'on doit se contenter après la victoire d'une remise en état sommaire permettant de continuer l'exercice du culte, elle profite du programme social de Périclès, soucieux de procurer un salaire à tous en multipliant les travaux publics, de l'extension de l'empire – la démocratie triomphante utilise sans scrupule les contributions des cités alliées pour l'embellissement d'Athènes –, de l'évolution de l'art, davantage maître de ses techniques et qui atteint un certain apogée classique avec Phidias. L'œuvre primordiale est un nouvel aménagement de l'Acropole, si vaste qu'il ne sera d'ailleurs achevé qu'à la fin du siècle, mais l'on n'oublie ni les temples d'Héphaïstos et de Dionysos, à Athènes, ni ceux de Poséidon, au Sounion, de Némésis, à Rhamnonte, des « deux déesses », à Éleusis.
L'équilibre religieux du vie siècle entre divinités poliades et dieux chthoniens persiste et se révèle un facteur important de l'eurythmie d'Athènes sous Périclès. Les plus anciennes divinités de l'Attique, Poséidon et Athéna, qui s'étaient disputé le pays dans une joute de générosité, sont honorées conjointement au cap Sounion comme sur l'Acropole. Athéna surtout triomphe, puisqu'elle se voit créditer d'un nouveau temple, « le grand temple » (plus tard appelé Parthénon), magnifique écrin de marbre pour la statue de la Parthénos (Vierge), et de deux autres statues de Phidias, la Promachos (celle qui combat au premier rang) et la Lemnia (offrande des colons athéniens de Lemnos). Les sculptures du Parthénon exaltent les divinités nationales sur les frontons (nativité d'Athéna, à l'est ; dispute de l'Attique entre Athéna et Poséidon, à l'ouest) et sur les métopes le triomphe de l'ordre lucide sur le désordre brutal, symbolisé par la victoire des dieux sur les Géants, des Grecs sur les Amazones, des Lapithes sur les Centaures, des Grecs sur les Troyens. C'est bien le message de la religion d'État dans une cité qui proclame avec Périclès, disciple du philosophe Anaxagore de Clazomènes, que seul l'Esprit humain peut ordonner le chaos originel. Enfin les fêtes en l'honneur de la déesse se déroulent avec une pompe qui fait d'Athènes, au moment de leur célébration, le rendez-vous de l'empire[...]
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Écrit par
- André-Jean FESTUGIÈRE : ancien membre de l'Institut, ancien directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
- Pierre LÉVÊQUE : professeur émérite de l'université de Franche-Comté
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