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GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) La religion grecque

Aspects populaires de la religion grecque

La religion grecque diffère selon que l'on considère le peuple ou les sages : de ce point de vue il est remarquable qu'un sage, le sage des sages, Platon, à la fin de sa vie, ait eu le sentiment qu'il fallait se rapprocher de la religion des humbles et qu'il ait cherché à codifier ce que croyait traditionnellement en Grèce le commun peuple. Et elle diffère aussi, ou du moins elle se charge d'éléments nouveaux et revêt des nuances nouvelles, selon les époques.

On se bornera ici à la religion populaire. Un rapprochement s'impose : c'est au peuple que la religion chrétienne a été prêchée d'abord. Quand il ne s'adresse pas aux communautés juives des lieux où il passe, saint Paul s'adresse aux gens du peuple. Et ses lettres montrent bien, celles par exemple aux Corinthiens, qu'il n'a pas en vue les sages du monde, mais les artisans, les dockers, et peut-être même les prostituées de ce grand port qu'est Corinthe. C'est à l'âge hellénistique et gréco-romain, jusqu'au début de l'Empire, que seront empruntés les exemples. Cet âge a précédé immédiatement l'annonce de l'Évangile. On n'a pas passé directement de la religion civique du ve siècle au christianisme. Il y a eu toute une préparation politique et sociale : la désagrégation de la cité, l'absorption des cités en de vastes monarchies, le mélange des peuples, le mélange des classes, la formation d'une plèbe au sens propre, c'est-à-dire la formation, du moins dans les villes, d'une masse de gens qui ne sont pas enracinés dans le sol même, qui ne sont pas à la fois soutenus et contenus par des cadres, par tout un système de lois écrites et de traditions non écrites, et qui ont dès lors plus d'ouverture à une parole nouvelle.

Familiarité avec les dieux

Tout d'abord, c'est une croyance universelle qu'on a besoin des dieux, qu'on ne peut rien sans les dieux. Dans les textes hellénistiques aussi bien qu'à l'âge classique, les expressions σὺν θεω̩̃ (ou δαίμονι ou θεοι̃ς) et οὐκ ἄνευ θ̃εων sont constantes. « Qui sait si, avec l'aide de la divinité, je ne réussirai pas à ébranler son cœur par mes cris ? », dit Patrocle dans L'Iliade (XV, 403 : σ̀υν δαίμονι). Et bien plus tard, quand la Simaetha de Théocrite se livre à ses opérations magiques pour recouvrer l'amour de Delphis, c'est avec l'aide de la divinité – ici Séléné – qu'elle les accomplit (II, 28 : σὺν δαίμονι). Pindare avait dit (Ol. XIV, 5) : « C'est par votre grâce, ô Charites (σ̀υν γ̀αρ ὔμμιν), que vient aux hommes tout ce qui est délicieux et doux. » Et de même, aux yeux du Simichidas de Théocrite (VII, 12), c'est par la grâce des Muses (σὺν Μοίσαισι) qu'il a fait, sur un chemin rocailleux, en plein midi, la rencontre de Lycidas, poète comme lui-même, avec lequel il pourra oublier la fatigue du chemin dans un concours de chant.

Les dieux peuvent tout, et ils sont omniscients. Dès lors, c'est à eux qu'on doit s'adresser, dans les difficultés et les incertitudes de la vie quotidienne, pour savoir ce qu'il faut faire. Ainsi questionnait-on le Zeus de Dodone dès le vie siècle avant notre ère. Et voici, bien curieusement semblables parce qu'il s'agit toujours du même tuf humain, voici quelques interrogations oraculaires de Grecs à des dieux d'Égypte, au ier siècle, au plus tard au iie siècle de notre ère.

« Au dieu Sokônnôpi, grand grand. Révèle-moi, dois-je rester à Bacchias, ou dois-je faire cette visite ? Cela, révèle-le-moi. »

« Au très grand puissant dieu Soknopaios, de la part d'Asclépiadès fils d'Aréios. M'est-il permis d'épouser Tapétheus,[...]

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Écrit par

  • : ancien membre de l'Institut, ancien directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
  • : professeur émérite de l'université de Franche-Comté

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Idole, art cycladique - crédits :  Bridgeman Images

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Statuette en marbre, Naxos - crédits :  Bridgeman Images

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