GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) Les arts de la Grèce
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Le préclassicisme
Activité qui, à Athènes, se ralentit un peu pendant une ou deux décennies dans les autres techniques. De 480 jusque vers 450, c'est dans le reste du monde hellénique que se développent surtout architecture et sculpture : en Sicile où se construit le plus beau des temples de Sélinonte, en Italie méridionale d'où proviennent sans doute d'aussi magnifiques statues que l'Aurige (musée de Delphes) et ce relief connu sous le nom de Trône Ludovisi (musée des Thermes, Rome), dans le Péloponnèse enfin où s'édifie, de 470 à 456, le temple d' Olympie consacré à Zeus. L'architecture sicilienne semble caractérisée par un certain goût du faste, par l'ampleur de ses proportions, par une certaine tendance aussi à mêler dans le même édifice éléments ioniques et doriques. Le temple d'Olympie, lui, est entièrement dorique et, malgré l'éclat de sa parure sculptée, probablement plus sobre. Ses deux frontons sont traités, comme d'ailleurs déjà ceux d'Égine et de Delphes, en ronde bosse, mais l'impression est toute différente : ce sont les premiers ensembles d'où se dégage une réelle impression d'unité. Le fronton est semble statique : sous la présidence de Zeus se prépare la course de chars qui fera triompher Pélops, le fondateur du Péloponnèse, et mourir son beau-père, coupable d'impiété. À l'ouest, de part et d'autre d'Apollon, Centaures et Lapithes sont engagés dans une lutte féroce. Dans chacun de ces frontons, chaque figure est liée par les gestes, par l'attitude, non seulement à ses voisines, mais à toutes les autres et toutes participent spirituellement à l'action générale. Les sculpteurs inconnus auxquels sont dues ces œuvres obéissaient déjà à un idéal classique en ce sens qu'ils subordonnaient le détail à l'ensemble et qu'ils savaient sacrifier ce qui ne leur paraissait pas essentiel. Mais aucune sclérose, aucun académisme encore ne les menaçait. Une vie intense parcourt toutes les figures, même les plus statiques et la Centauromachie de l'ouest, parce que déjà la lutte est engagée, paraît peut-être moins émouvante que la scène, imprégnée d'anxieuse attente, qui dominait la façade principale. L'artiste a su caractériser chacune des figures et l'on sent sous la chair un sang vigoureux qui circule.
La même impression presque tactile se dégage de l' Aurige, un des rares grands bronzes qui soient parvenus jusqu'à nous. C'est la figure d'un cocher (tel est le sens du mot aurige), qui, vainqueur dans une course, se tient debout, modestement enveloppé dans une longue robe serrée à la taille et qui, les rênes entre les doigts, tourne la tête vers le public qui acclame son attelage et le tyran propriétaire de l'écurie. L'homme est tout jeune encore, il semble presque gêné de s'exposer ainsi et une grâce charmante atténue sa pose un peu raide. Quant au Trône Ludovisi, c'est un ensemble de trois bas-reliefs, le plus grand, au centre, représentant, vêtue d'une très fine tunique, une jeune femme que deux servantes aident à émerger de l'onde ; on ne voit que son buste, le geste de ses bras à demi tendus vers le haut, la tête rejetée en arrière et qui semble aspirer vers une vie nouvelle : est-ce Aphrodite qui naît des flots, est-ce Héra qu'un bain rituel rajeunissait chaque année ? Le caractère mystérieux de la représentation ajoute encore à la pure impression de fraîcheur, au charme de cette apparition.
Brève période d'adolescence : c'en est fini des naïvetés de l'archaïsme, mais on est loin encore de la menace des poncifs. Des virtualités nouvelles, d'ailleurs, apparaissent, qu'on aurait pu discerner déjà dans la période précédente en examinant le décor des vases.
Dès la fin du[...]
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Écrit par
- Pierre DEVAMBEZ : conservateur en chef au musée du Louvre
- Agnès ROUVERET : professeur à l'université de Paris X-Nanterre
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