GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) Les arts de la Grèce
La période hellénistique
Rien n'est plus factice, lorsqu'on considère le développement de l'art, que de séparer nettement la période hellénistique de celle qui l'a précédée immédiatement. La mort d'Alexandre en 323 ne change rien aux tendances déjà décrites, et Lysippe comme Apelle ont continué après la disparition de leur protecteur à former des élèves et à produire. Cependant, par la suite, la fondation de grands royaumes et l'établissement en Asie Mineure, en Syrie, en Égypte de gouvernements grecs, la naissance d'une classe de hauts fonctionnaires et de riches hommes d'affaires désireux d'embellir leurs résidences, la multiplication des échanges culturels à travers toute la Méditerranée et jusque loin dans l'intérieur des terres créent un climat nouveau et des conditions qui ont sur les artistes une influence considérable. Certes, Scopas et bien d'autres avaient déjà des contacts avec ce monde barbare, mais leur point d'attache restait la Grèce. La Grèce désormais n'est plus qu'une petite province dépourvue de rôle politique, et Athènes devient peu à peu une ville-musée que l'on visite, où l'on va se retremper aux sources, mais dont le caractère académique ne tente point les esprits les plus novateurs.
Alexandrie, presque dès sa fondation, devient le grand centre spirituel et, avec sa population cosmopolite, avec son activité commerciale de grand port, avec les fêtes organisées par les Ptolémées, avec sa Bibliothèque aussi, elle attire tous ceux qui jadis auraient fait voile vers l'Attique. Un peu plus tard, Pergame, dont les souverains veulent rivaliser avec ceux d'Égypte, appelle aussi sculpteurs et architectes pour ériger, en 228, puis vers 180, d'abord un énorme ex-voto pour remercier les dieux des victoires remportées sur les Gaulois et sur les Perses, ensuite le célèbre autel monumental dont le soubassement déploie sur cent douze mètres une frise colossale représentant la lutte des dieux contre les géants. Ailleurs encore, à Antioche, à Rhodes notamment, des écoles se créent dont les archéologues se sont efforcés de déterminer les caractères sans arriver à nulle certitude.
Il est particulièrement regrettable que, de l'Alexandrie antique, rien ne subsiste plus : on sait que la ville se parait de magnifiques édifices, on sait aussi qu'elle était construite suivant un plan d'urbanisme qui paraît déjà singulièrement moderne, avec de vastes avenues et des rues tracées au cordeau, bordées d'immeubles à plusieurs étages. Le principe de pareil plan et de la division en secteurs n'était pas nouveau, puisqu'on en fait remonter l'origine à Hippodamos de Milet, contemporain de Périclès, mais jamais encore il n'avait été appliqué à une telle échelle ni de façon si parfaite.
Les créations architecturales hors de ces grandes capitales sont réparties dans les provinces, dans certains sanctuaires comme Délos qui furent embellis par la générosité de tel ou tel roi désireux de se concilier le dieu maître du lieu. Alors se multiplient les portiques, sortes d'allées couvertes dont on entoure les places publiques ou qui bordent les grandes voies ; rompant avec la simplicité d'autrefois, on double leur profondeur ou leur hauteur en ajoutant des supports intermédiaires qui montrent l'enrichissement des ordres anciens. Depuis la fin du ve siècle, au dorique et à l' ionique s'était ajouté l' ordre corinthien dont le chapiteau à volutes s'entourait d'une couronne de feuillage ; et c'est cet ordre corinthien, plus élégant, plus fouillé, que désormais on préfère.
Les théâtres aussi se multiplient. Depuis les plus anciens, créés à la fin du ve siècle, beaucoup, certes, avaient été construits, notamment l'un des plus beaux, celui d'[...]
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Écrit par
- Pierre DEVAMBEZ : conservateur en chef au musée du Louvre
- Agnès ROUVERET : professeur à l'université de Paris X-Nanterre
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