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GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) Théâtre et musique

Parmi les créations les plus remarquables de la Grèce figure celle du genre théâtral, tragique et comique. Les premiers, les Grecs ont imaginé de produire devant le peuple assemblé, dans un dialogue réglé, des acteurs incarnant des héros des anciens mythes ou de simples hommes de la société contemporaine et de les introduire dans une intrigue suivie et complète, elle-même divisée en actes (épisodes). Entre ceux-ci, un chœur commentait l'action par des chants lyriques. Il intervenait aussi dans les épisodes par la voix de son chef. La tragédie du ve siècle, dont les usages ont été codifiés en règles par Aristote au siècle suivant, sera imitée par les Latins (Sénèque), mais surtout elle fournira un modèle à tout le drame occidental à partir de la Renaissance.

Si la comédie « ancienne », celle du ve siècle av. J.-C., était trop marquée du sceau attique pour s'adapter à d'autres sociétés, la comédie dite nouvelle, vers la fin du siècle suivant, sera notamment illustrée par le nom de Ménandre. À travers Plaute et Térence, on peut y voir la source de Molière et de notre comédie classique.

— François JOUAN

La musique de la Grèce antique mérite en tant que telle une réflexion approfondie. Il se peut qu'elle n'ait été, objectivement parlant, que l'une parmi beaucoup d'autres de ces innombrables et très anciennes musiques dites « primitives » qu'étudie aujourd'hui l'ethnomusicologie, et cette thèse, qu'on eût jadis étiquetée sacrilège, ne manquerait pas d'arguments. La musique grecque n'en tient pas moins, dans l'histoire des idées, une place tout à fait à part, solidaire sans doute du prestige de son contexte social, littéraire ou architectural, due aussi à l'intelligence et à la solidité d'une théorie peut-être établie a posteriori, mais sans autre exemple dans les civilisations qui lui étaient contemporaines. En tant que pratique musicale vivante, on peut considérer que la musique grecque antique disparut sans descendance aux alentours du iiie ou du ive siècle après J.-C. Pendant près de 1 500 ans cependant, les musiques bien différentes qui se relayèrent ne cessèrent de se réclamer de son exemple ; on continua dans les écoles, jusqu'au xviie siècle au moins, à enseigner une théorie musicale devenue sans objet, mais qui, aujourd'hui encore, nous étonne par sa perspicacité et la finesse de ses analyses. Jusqu'à la fin du xviiie siècle, et parfois au-delà, sa terminologie demeura à la base de la spéculation musicale. Le Moyen Âge lui rattacha son chant grégorien. Quand la Renaissance inséra dans notre ciel culturel la « remise à l'honneur de l'Antiquité dans les lettres et dans les arts », la musique grecque, plus ou moins bien connue, tint son rôle dans l'aventure, et l'idée qu'on s'en faisait influença aussi bien les madrigalistes que les créateurs de l'opéra. Bien des chapitres, et des plus importants, de notre propre histoire musicale demeurent inexplicables si on ne se réfère aux traditions parfois mythiques léguées, en ce domaine comme en d'autres, par la « mère de tous les arts ».

Le théâtre en Grèce antique

Les origines du théâtre grec sont obscures, et sans doute en grande partie différentes pour les quatre genres dramatiques pratiqués dans l'Athènes classique lors des fêtes de Dionysos : dithyrambe, tragédie, drame satyrique et comédie. Le plus ancien est le dithyrambe, présent dans le nord-ouest du Péloponnèse dès le début du vie siècle. C'est un poème en l'honneur d'un dieu ou d'un héros, chanté par un chœur nombreux, qui exécute en même temps une danse animée en tournant autour d'un soliste, alternant avec lui couplets et refrains. Dès cette époque au moins, le dithyrambe est lié au culte de Dionysos. Vers le[...]

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Statuettes grecques représentant des acteurs comiques - crédits :  Bridgeman Images

Statuettes grecques représentant des acteurs comiques

Eschyle - Athènes - crédits : Araldo de Luca/ Corbis/ Getty Images

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