GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) Urbanisme et architecture
Symbole des mouvements de colonisation qui amenèrent, au viiie siècle avant notre ère, l'installation des Grecs en Sicile et en Italie méridionale, les villes grecques de Sicile illustrent encore, par l'ampleur et la beauté de leurs ruines, par la qualité de leurs œuvres d'art, en particulier des monnaies, une des plus importantes périodes de civilisation en Méditerranée occidentale. Les fouilles et les recherches conduites depuis le milieu du xxe siècle sur ces sites permettent de présenter une histoire et une évocation beaucoup plus précises du monde grec occidental et de son rôle dans le développement et l'extension de l'hellénisme vers l'ouest, et en particulier vers Rome.
L'architecture civile a un caractère très particulier dans les cités du monde grec où le pouvoir politique est exercé par des conseils ou par l'assemblée du peuple. Cette architecture est plus fonctionnelle que décorative, faite d'édifices diversifiés et autonomes à l'image des organismes décentralisés, politiques, judiciaires ou administratifs qui ont en charge les intérêts de la communauté et de l'ensemble des citoyens.
L'urbanisme
Colonisation et urbanisation de la Sicile
Une exploration archéologique permet de définir en traits plus nets la personnalité et le faciès de chacune des cités. On dégagera ensuite les traits généraux de leur évolution et de leur spécificité. On peut distinguer plusieurs groupes et divers moments dans l'histoire des villes grecques de Sicile, suivant les modalités et les buts de la colonisation, compte tenu en outre de l'origine des colons.
La première phase de colonisation se produit au cours de la première moitié du viiie siècle avant J.-C. ; des colons originaires des villes de Chalcis et d'Érétrie en Eubée fondent Naxos et Zancle ; un autre contingent venant de Mégare et de Corinthe s'installe à Mégara Hyblaea et à Syracuse. Les premiers sont soucieux d'assurer la sécurité des relations à travers les détroits vers les toutes premières colonies déjà installées en Italie centrale, au nord de Naples, à Pithécussa et à Cumes ; les autres sont préoccupés de trouver des sites de peuplement et d'exploration agricole pour remédier aux crises démographiques et sociales qui agitent leurs métropoles.
De cette première génération, les fouilles de Naxos, de Mégara Hyblaea et de Syracuse conservent des vestiges éloquents. La ville de Naxos fut implantée sur la presqu'île du cap Schizo, au sud de Taormine, sous la conduite d'Apollon, dieu archégète. La fouille d'un quartier, au nord, a révélé un tracé déjà régulier, avec des maisons de plan rectangulaire. Dans l'angle sud-ouest du site, une zone fut réservée au sanctuaire de la cité. Après la prise de la ville par les Syracusains au début du ve siècle, une division nouvelle du site, sur une orientation légèrement différente, organise de longs îlots, à l'intérieur d'un réseau de rues parallèles et perpendiculaires. La céramique, les décors architecturaux illustrent les relations très étroites de la cité avec ses métropoles et avec le monde ionien.
À Mégara Hyblaea, où les Mégariens de Grèce s'installent sur un plateau maritime à l'est des monts hybléens, dès le milieu du viiie siècle, une cité bien organisée s'implante, selon un plan défini par quelques grands axes. Les maisons, simples, de plan carré, avec une seule pièce, ne sont pas placées en bordure de la rue. L'agglomération garde un caractère rural, avec des maisons isolées chacune dans son jardin ou son verger. Il faut attendre le milieu du viie siècle pour voir la cité prendre un aspect urbain ; les maisons s'agrandissent par association de nouvelles pièces ; elles rejoignent le bord de la rue qui, elle-même, est limitée par des murs de clôture en gros blocs[...]
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Écrit par
- Roland MARTIN : membre de l'Institut
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