GRÈCE ANTIQUE (Histoire) La colonisation grecque
Les divers types de colonisation
La colonisation agraire
Les premiers colons étaient originaires d'Eubée et de Grèce continentale. Des Chalcidiens et des Érétriens fondèrent, avant le milieu du viiie siècle, un établissement dans l'île de Pithécusses, face au rivage campanien. Ils y demeurèrent quelques années avant de fonder sur le continent la cité de Cumes. D'autres Chalcidiens, dans le même temps, créaient Naxos sur la côte orientale de la Sicile. Vers 750, des Mégariens s'établissaient sur la même côte à Mégara Hyblaia et, vers 733, des Corinthiens fondaient Syracuse, qui allait devenir la plus puissante cité grecque d'Occident. Dans les années qui suivirent, les Chalcidiens se fixèrent à Zancle, puis, peu après, sur l'autre rive du détroit, à Rhégion. Enfin, ce sont des colons venus de Sparte qui s'installèrent au fond du golfe de Tarente où ils édifièrent la cité qui porte ce nom.
Ces premières fondations furent suivies de nombreux autres établissements : Sybaris, Crotone, Locres en Italie du Sud, Gela, Catane, Leontinoi en Sicile. Établissements qui essaimèrent à leur tour : des habitants de Gela fondèrent Agrigente sur la côte méridionale de la Sicile, des gens de Sybaris s'établirent à Métaponte, tandis que Caulonia devait son existence à des Crotoniates. La chronologie précise de cette première colonisation est assez souvent malaisée, les données de l'archéologie ne recoupant pas toujours celles des sources littéraires. Il n'en reste pas moins que, du milieu du viiie siècle aux premières décennies du viie, un grand nombre d'établissements grecs furent ainsi créés dans le sud de l'Italie et sur la côte orientale de la Sicile. Ces établissements, dès l'origine, sont des cités, des poleis, qui, par là même, jouissent d'une complète autonomie par rapport à leur métropole. Certes, des liens subsistent sur l'importance desquels les historiens contemporains sont divisés ; les liens religieux, incontestables, se traduisent par l'instauration dans la cité coloniale des cultes de la métropole auxquels s'ajoute le culte de l'oikistês (fondateur), qui constitue un lien supplémentaire avec la cité dont il est originaire. En revanche, les liens politiques apparaissent beaucoup plus minces. Si certaines institutions de la métropole se retrouvent parfois dans la colonie, le plus généralement celle-ci connaît un développement propre, indépendant de celui de la métropole, qui intervient fort peu dans le déroulement de l'histoire de la cité fille : ainsi les Chalcidiens n'aidèrent pas Cumes à lutter contre les Étrusques, ni les Spartiates Tarente à repousser les assauts des populations indigènes, et c'est au ive siècle seulement que Syracuse fera appel à sa métropole, Corinthe, pour qu'elle lui envoie de nouveaux colons. Quant aux liens d'ordre économique, ils sont encore plus ténus : les travaux de G. Vallet et de F. Villard ont démontré que, s'il y a bien eu un commerce colonial, il ne s'agit pas d'un commerce de métropole à colonie, et l'étude des monnaies émises par les cités coloniales peut apporter à cet égard de précieux renseignements.
La manière dont se faisait l'établissement de la colonie est encore mal connue, car les décrets de fondation (Naupacte, Bréa) sont d'époque relativement tardive (ve s.) et ne peuvent être directement transposés dans un temps plus ancien. Les archéologues français et italiens tendent à éclairer ce difficile problème par des fouilles systématiques : ainsi G. Vallet et F. Villard ont démontré qu'à Mégara les colons avaient, dès la fondation, ménagé un espace libre où s'élèveront, dans la seconde moitié du viie siècle, des bâtiments publics, ce qui implique une double conclusion : d'une part, la colonisation n'était[...]
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Écrit par
- Claude MOSSÉ : professeur au Centre universitaire de Vincennes
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