- 1. Vers la Grèce moderne : l'hellénisme, fondement de l'Empire byzantin
- 2. La Grèce entre l'Occident et l'Orient (1204-1453)
- 3. De l'idée œcuménique d'empire à l'idée nationale (1453-1821)
- 4. L'évolution de l'État indépendant grec (1821-1922)
- 5. La Grèce contemporaine
- 6. Chronologie contemporaine
- 7. Bibliographie
GRÈCE De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine
Nom officiel | République hellénique (GR) |
Chef de l'État | Ekaterini Sakellaropoulou (depuis le 13 mars 2020) |
Chef du gouvernement | Kyriakos Mitsotakis (depuis le 8 juillet 2019) |
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
La Grèce entre l'Occident et l'Orient (1204-1453)
Le parti occidental
Telle la Chine bien plus tard, cet empire sous le ciel, groupé autour du nombril de la civilisation hellénique, la mer Égée, cet empire qui se croyait éternel et source de toute lumière, plein d'indifférence méprisante à l'égard des barbares de l'Occident et de leur chef, le pape, fut « ouvert » à leurs convoitises entre le xie et le xiiie siècle.
L'aventurier normand Robert Guiscard, parti d'Italie du Sud, s'attaqua aux Balkans en 1081. Alexis Ier Comnène demanda l'aide de Venise et en échange signa, en 1082, une chrysobulle lui accordant des privilèges commerciaux exorbitants dans l'Empire. À partir de cette date, les marchands vénitiens furent, à Byzance, plus favorisés que les Byzantins eux-mêmes. En 1095, le pape prêcha la guerre sainte contre l'Orient. Il affirma qu'il était le chef souverain de toutes les Églises chrétiennes et que tous les rois ou empereurs lui devaient une obéissance absolue. Bien qu'à l'origine il se fût agi de lancer les croisades contre les Turcs, le schisme de 1054 était encore trop récent pour que la haine à l'égard des Grecs ne fût pas vive. La conjonction de l'intransigeance religieuse de Rome et de l'impérialisme économique de Venise aboutit, en 1204, à la destruction de Byzance et à l'installation en Orient, pendant six siècles, de l'empire colonial vénitien. C'est principalement à cet empire que les Turcs disputèrent les pays grecs, et les îles Ioniennes restèrent vénitiennes jusqu'à la disparition de l'État vénitien en 1797.
Élaboration d'une conscience nationale grecque
Sur les trois lambeaux de l'Empire byzantin – l'Épire, Trébizonde et Nicée – se développa, par réaction à la domination latine chez l'élite byzantine menacée de disparition, une conscience nationale grecque, un protonationalisme, ancêtre lointain du nationalisme bourgeois de 1821. Pendant plus d'un demi-siècle, de 1204 à 1261, ce protonationalisme fut entretenu par les efforts pour reprendre aux Latins Constantinople et les pays grecs soumis à leur joug. Il fut le point de départ de ce qu'on appela plus tard la Grande Idée, c'est-à-dire la reconstitution d'un Empire byzantin purement grec, d'un État national s'étendant sur l'Europe et sur l'Asie et ayant pour capitale Constantinople. Théodore II Lascaris (1254-1258), souverain de l'Empire grec de Nicée en Asie Mineure, fut le premier à être représenté sur un piédestal orné de l'aigle bicéphale qui, désormais, devint l'emblème de l'État byzantin puis, jusqu'au xxe siècle, celui de la Grande Idée.
Cette conscience nationale, nourrie du souvenir de Philippe de Macédoine et d'Alexandre le Grand, unificateurs des Grecs, se traduisit par le culte du passé. Théodore II, en particulier, fut saisi d'une véritable passion pour l'Antiquité grecque ; il voulut que son armée soit nationale, non plus composée de mercenaires étrangers, mais de Grecs. Il préféra utiliser, au lieu du grec d'église, le grec ancien qu'il aimait, disait-il, plus que son propre souffle. Il se voulut empereur des Grecs régnant sur « la Grèce ».
Pourtant, depuis le triomphe du christianisme dans l'Empire, l'appellation de « Grec » continuait, du point de vue religieux, à avoir le sens péjoratif de païen, et l'Église orthodoxe lui préférait toujours le terme de « Romain ». Cet attachement aux valeurs de l'Antiquité développa un esprit rationaliste qui éloigna ses tenants de l'Église orthodoxe et les incita à considérer une union avec l'Église de Rome sous l'angle de l'opportunité politique bien plus que sous celui des principes. Ce fut dans cet esprit que les empereurs de Nicée négocièrent l'union[...]
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Écrit par
- Jean CATSIAPIS : docteur en droit, maître de conférences honoraire à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Dimitri KITSIKIS : professeur agrégé à l'université d'Ottawa, Canada
- Nicolas SVORONOS : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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