- 1. Vers la Grèce moderne : l'hellénisme, fondement de l'Empire byzantin
- 2. La Grèce entre l'Occident et l'Orient (1204-1453)
- 3. De l'idée œcuménique d'empire à l'idée nationale (1453-1821)
- 4. L'évolution de l'État indépendant grec (1821-1922)
- 5. La Grèce contemporaine
- 6. Chronologie contemporaine
- 7. Bibliographie
GRÈCE De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine
Nom officiel | République hellénique (GR) |
Chef de l'État | Ekaterini Sakellaropoulou (depuis le 13 mars 2020) |
Chef du gouvernement | Kyriakos Mitsotakis (depuis le 8 juillet 2019) |
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
De l'idée œcuménique d'empire à l'idée nationale (1453-1821)
Triomphe du nouvel Empire (1453-1669)
Au fur et à mesure que le pouvoir de l'empereur s'amenuisait, de 1261 à 1453, l'emprise de l'Église sur l'État augmentait. Grâce à elle et au soutien qu'elle reçut du peuple, toutes les tentatives latinophiles échouèrent et l'arrivée des Turcs fut facilitée. Mehmet II, en pénétrant dans Constantinople, réalisait le vœu de l'Église : regrouper la « nation » orthodoxe – qui depuis l'ouverture de l'Empire au xie siècle, avait été partagée en plusieurs États formés par les Latins, les Serbes, les Bulgares, les Turcs – sous un seul gouvernement, grâce à la conquête progressive par les Ottomans de tous les territoires de l'ancien Empire. Ce regroupement ne fut d'ailleurs terminé qu'en 1669, avec la prise de la Crète par les Turcs. Seules les îles Ioniennes restèrent aux mains des Vénitiens. Sur ce millet (« nation ») reconstitué, l'Église exerça toute son influence pour décourager les révoltes des orthodoxes contre le gouvernement du sultan, expliquant que du calme dépendait la survie du peuple grec. D'ailleurs, dans l'ensemble, ce dernier – exception faite de la fraction de son aristocratie liée à la noblesse franque – accueillait avec soulagement le départ du Latin et la venue du Turc, qu'il lui arrivait même d'appeler à son aide, aussi bien au xve qu'au xvie et au xviie siècle, par exemple à Chypre ou en Crète. Même, quand en 1715 le Péloponnèse fut repris aux Vénitiens – qui avaient réussi à le conquérir en 1687 et aussi à faire sauter cette année-là, à Athènes, le Parthénon –, non seulement la paysannerie grecque, mais les bourgeois, les propriétaires fonciers et le clergé accueillirent les Turcs en libérateurs. La facilité de l'expansion ottomane ne peut être comprise sans tenir compte de ce terrain favorable.
Islām et orthodoxie
Le regroupement de la « nation » orthodoxe ne se fit pas, néanmoins, sans une perte importante d'effectifs au profit du peuple à l'idéologie triomphante. Un nombre considérable s'étant converti à l'islām, il en résulta que le peuple turc est aujourd'hui en partie d'origine grecque et, plus généralement, orthodoxe, alors que le contraire ne peut être dit du peuple grec, le prosélytisme chrétien étant interdit. Non seulement le peuple se convertissait en masse, mais aussi des notables. En 1453, un des généraux turcs qui avaient pris Constantinople, Zaganos, d'origine grecque, devint le Premier ministre du sultan. Presque tous les membres de son gouvernement étaient, comme lui, d'anciens chrétiens devenus musulmans. Le général Mahmut, l'un des amis et conseillers les plus intimes de Mehmet II, qui devint à son tour Premier ministre, était né chrétien, cousin d'Amiroutzès et descendant de la famille impériale byzantine des Anges. Homme d'une grande culture et poète, il est le pendant de Bessarion qui choisit l'Italie. L'élite militaire ottomane, le corps des janissaires, était exclusivement d'origine chrétienne. Aux siècles suivants, les sultans continuèrent de peupler leur entourage d'hommes d'origine orthodoxe. Au xvie siècle, à l'âge d'or de l'Empire, sur les neuf Premiers ministres de Süleyman le Législateur (Soliman le Magnifique), huit étaient nés chrétiens.
Ceux qui demeurèrent grecs, s'ils perdirent la première place et furent soumis aux Turcs devenus puissance impériale, bénéficièrent néanmoins de la qualité de second peuple de l'Empire. Tout chrétien orthodoxe fut assimilé, par la volonté du sultan, au millet grec dont le chef, le patriarche grec, se trouvait à côté de lui à Constantinople. Ainsi, dès le départ furent jetées les bases[...]
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Écrit par
- Jean CATSIAPIS : docteur en droit, maître de conférences honoraire à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Dimitri KITSIKIS : professeur agrégé à l'université d'Ottawa, Canada
- Nicolas SVORONOS : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias