- 1. Vers la Grèce moderne : l'hellénisme, fondement de l'Empire byzantin
- 2. La Grèce entre l'Occident et l'Orient (1204-1453)
- 3. De l'idée œcuménique d'empire à l'idée nationale (1453-1821)
- 4. L'évolution de l'État indépendant grec (1821-1922)
- 5. La Grèce contemporaine
- 6. Chronologie contemporaine
- 7. Bibliographie
GRÈCE De la Grèce byzantine à la Grèce contemporaine
Nom officiel | République hellénique (GR) |
Chef de l'État | Ekaterini Sakellaropoulou (depuis le 13 mars 2020) |
Chef du gouvernement | Kyriakos Mitsotakis (depuis le 8 juillet 2019) |
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
L'évolution de l'État indépendant grec (1821-1922)
L'indépendance
La révolution grecque, un des chaînons des révolutions nationales-libérales qui éclatèrent l'une après l'autre, en Europe et en Amérique du Sud, et qui mettaient en cause le principe légitimiste de la monarchie absolue et des empires, malgré les difficultés militaires et les querelles intestines entre les diverses factions qui aspiraient à la diriger, avait réussi à résister pendant sept ans aux forces ottomanes supérieures, à créer des institutions étatiques sur le territoire libéré et à porter l'affaire grecque devant des instances internationales.
En effet, la persévérance dans la lutte armée et le puissant mouvement philhellène qu'elle suscita, expression du libéralisme européen, menaçaient l'entente fragile de la France et de l'Angleterre autour du principe légitimiste de la Sainte Alliance, d'autant plus que ces deux puissances étaient en complet désaccord sur la question d'Orient. Il a donc fallu en venir à un compromis pour régler la question grecque.
La pression exercée sur la Porte par la Triple Alliance (Angleterre, France, Russie) créée pour cette circonstance, qui se manifeste par la destruction de la flotte égyptienne à Navarin (1827), puis par la victoire de la Russie lors de la guerre russo-turque (1828-1829), finalement par l'habile manœuvre diplomatique de la Grande-Bretagne qui séparait la cause de la Grèce de la victoire russe, aboutit à la création d'un État grec indépendant, placé sous la « protection » des puissances alliées (traité de Londres 1830) et reconnu par la Porte (traité de 1832).
La création d'un État national hellénique, même avec des frontières exiguës ne comprenant qu'une petite partie de la nation grecque, fut, certes, une des premières victoires du principe des nationalités ; mais en même temps une défaite du mouvement libéral. Les puissances protectrices imposèrent en effet à ce nouvel État la monarchie absolue (1832) avec un monarque de leur choix, Otton Ier, prince bavarois, la première tentative sérieuse d'organisation de l'État grec sous une République présidentielle ayant échoué. Jean Capodistria, élu gouverneur par la IIIe Assemblée nationale (1827), avait soulevé l'opposition des notables, des éléments bourgeois et des intellectuels libéraux ; les conspirations qui se tramaient contre lui, favorisées par la France et surtout par l'Angleterre, qui se méfiaient de la politique de Capodistria, considérée comme trop favorable à la Russie, aboutirent à son assassinat.
Un État sous protection
L'administration du pays par des ministres bavarois et l'éviction du monde politique grec, l'absence de toute politique économique et sociale aboutissant à la dépendance économique totale envers les puissances protectrices et à la banqueroute des finances de l'État, des velléités d'application de la « grande idée » se manifestèrent sans proportion avec les forces du pays et rendues irréalisables par les rivalités des puissances protectrices, surtout par l'opposition de l'Angleterre.
L'opposition contre le système bavarois, considéré comme une occupation étrangère, devenait générale. Par un coup d'État de l'armée (3 sept. 1843), le roi fut obligé d'accorder une Constitution, de renvoyer les ministres bavarois et de former des gouvernements grecs. L'intervention de la Couronne dans la vie politique continua pourtant et la monarchie constitutionnelle devenait en fait une dictature royale.
La politique nationaliste, diversion aux problèmes aigus et insolubles, politique qui se traduisait dans les faits par les troubles provoqués par les « sociétés secrètes » patriotiques, l'action désordonnée des bandes armées aux frontières gréco-turques et les soulèvements contre l'Empire[...]
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Écrit par
- Jean CATSIAPIS : docteur en droit, maître de conférences honoraire à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Dimitri KITSIKIS : professeur agrégé à l'université d'Ottawa, Canada
- Nicolas SVORONOS : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias