- 1. Le poids de l'histoire, le choc de la modernité
- 2. Une démographie de pays riche : malthusianisme et immigration
- 3. L'agriculture : résistances et disparités géographiques
- 4. L'industrie : développement et restructurations
- 5. L'échange : consommation intérieure et mondialisation
- 6. Des dissymétries régionales maintenues
- 7. Métropolisation et développement touristique : des remaniements des dynamismes géographiques
- 8. Bibliographie
GRÈCE Espace et société
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 456 000 (2024) |
Superficie |
132 049 km²
|
Pays méditerranéen et balkanique par sa situation, la Grèce est en Europe un petit État, par son territoire et sa population : 10,8 millions d'habitants en 2011, très inégalement répartis sur 132 000 kilomètres carrés (densité moyenne 86 hab./km2). Mais, par sa signification historique et sa situation géographique, la Grèce dépasse ces dimensions restreintes. Les traditions multiséculaires d'émigration ont multiplié les points d'ancrage de la grécité. La fidélité des Grecs à leur langue, leur attachement à l'orthodoxie leur ont permis de survivre aux invasions et aux occupations. La Grèce est devenue ensuite, par sa position, une terre d'accueil pour des centaines de milliers d'immigrants, clandestins ou légaux, venus d'Europe orientale ou d'Asie. C'est un enrichissement démographique pour le pays qui a brutalement gagné 700 000 habitants au cours de la période intercensitaire (1991-2001), mais en a reperdu 150 000 lors de la période suivante. Ce fut surtout la condition du maintien de la croissance économique initiée depuis près d'un demi-siècle jusqu'à la crise financière de 2010.
En effet, après la période de reconstruction qui suivit la Seconde Guerre mondiale et une guerre civile particulièrement fratricide et meurtrière (1946-1949), la Grèce s'est engagée dans la voie du développement libéral. Elle lui apporta une véritable mutation de ses structures sociales et économiques. Dans le dernier quart du xxe siècle, deux événements importants ont accentué la solidarité qui lie la Grèce à l'Europe et, au-delà, à l'ensemble du monde occidental. En 1974, la chute du régime des colonels, après sept ans de dictature militaire, a ramené le pays au sein des régimes parlementaires. Le 1er janvier 1981, la Grèce est devenue membre de la Communauté économique européenne (Marché commun) et fait partie des États fondateurs de la zone euro. Cette précocité, en Méditerranée orientale et dans les Balkans, de la démocratie et d'une prospérité réelle, assure à la Grèce, malgré les ébranlements de 2010, une avance incontestable dans cette partie du monde.
Le poids de l'histoire, le choc de la modernité
Au-delà des traits de l'environnement (chaînes montagneuses et petites plaines intérieures ou littorales, proximité de la mer) et des contraintes de l'émiettement insulaire, l'organisation de l'espace imprime une continuité, qui rattache la Grèce contemporaine à la Grèce ancienne. Héritière de la cité-État de l'Antiquité, la petite ville est partout présente, constituant la véritable cellule de la vie de relation et de la production économique. Mais l'accélération des mobilités avec le désenclavement routier sur le continent, aérien et maritime dans les îles, a ajouté la proximité, physique et humaine, de la grande métropole moderne (4 millions d'habitants dans la région urbaine d'Athènes, 1 million dans la région de Thessalonique).
Le second legs du patrimoine historique appartient à la Méditerranée orientale et aux Balkans. La Grèce du Nord reflète encore ces mosaïques de cultures qui caractérisaient l'Europe de l'Est et du centre. Pendant longtemps, le pays a pu passer pour homogène. Les bouleversements, entraînés notamment par la chute de l'Union soviétique, ont contribué depuis le début des années 1990 à diversifier cette réalité. Rapatriement de Grecs « pontiques », russophones, du Caucase ou d'Asie centrale, arrivée massive de travailleurs migrants, d'abord d'Albanie, puis de Bulgarie ou de Roumanie et d'Ukraine, contrats de travail d'ouvriers agricoles pakistanais ou de bonnes philippines, ont transformé la carte ethnique de la Grèce, et même son uniformité religieuse.
Les traces d'un cheminement spécifique retardé, propre à l'Europe orientale,[...]
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Écrit par
- Guy BURGEL : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Classification
Médias