- 1. Le poids de l'histoire, le choc de la modernité
- 2. Une démographie de pays riche : malthusianisme et immigration
- 3. L'agriculture : résistances et disparités géographiques
- 4. L'industrie : développement et restructurations
- 5. L'échange : consommation intérieure et mondialisation
- 6. Des dissymétries régionales maintenues
- 7. Métropolisation et développement touristique : des remaniements des dynamismes géographiques
- 8. Bibliographie
GRÈCE Espace et société
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 456 000 (2024) |
Superficie |
132 049 km²
|
Une démographie de pays riche : malthusianisme et immigration
Pays ambigu par son évolution historique, la Grèce l'est aussi par sa population. Avant même le décollage économique, la fécondité paraissait ralentie. Depuis le début des années 1970, la Grèce connaît un déclin rapide de sa fécondité, qui atteint des niveaux très bas (1,5 enfant par femme en 2008, contre 2,1 en 1981, natalité 10,4 p. 1 000 en 2009). Les causes de cette situation démographique sont complexes : influence de la religion orthodoxe, plus permissive que la religion catholique sur l'avortement, régime dotal des filles, qui retarde l'âge du mariage, élévation du niveau de vie, modifications des mentalités. Un autre signe de cette maturité de la natalité grecque est la diminution rapide des écarts régionaux, gommés par l'unification des genres de vie et des idéologies.
Cet alignement des comportements démographiques sur l'Europe occidentale trouve son pendant dans les tendances de la mortalité. Elle est faible (9,6 p. 1 000 en 2009), moins en raison de la structure d'âge d'une population qui vieillit que d'un très bon état de santé général (espérance de vie à la naissance en 2008 de 82 ans pour les femmes, 77 ans pour les hommes), et d'un équipement sociomédical satisfaisant. Forte dans les années 1950, la mortalité infantile, notamment, a connu une baisse remarquable (40 p. 1 000 en 1960, 3 p. 1 000 en 2009).
Cette modernité d'un mouvement naturel de pays développé, associée longtemps à une forte émigration, explique la faiblesse structurelle du dynamisme de la population. Après les dernières saccades d'une évolution démographique en sursauts brutaux, dus à l'histoire politique, la Grèce s'était engagée dans une lente croissance (7,6 millions d'habitants en 1951, 10,2 en 1991). Elle s'est brutalement accélérée dans les dernières décennies sous l'effet de l'immigration attestée, et certainement sous-évaluée (augmentation de 7,2 p. 100 de 1991 à 2001, mais de 3,4 p. 100 de 2001 à 2010).
C'est d'ailleurs l'importance et la diversité des mouvements migratoires qui constituent la véritable originalité du pays. Traditionnellement, au début du xxe siècle, la Grèce fut un pays d'émigration : la pauvreté des campagnes méditerranéennes, associée aux possibilités d'accueil à l'étranger des colonies de la diaspora, en faisait un pays d'exode. C'est la grande période de l'émigration transocéanique qui conduisit les natifs de la Grèce méridionale – Péloponnèse et Cyclades essentiellement – en Amérique du Nord et, très secondairement, vers l'Australie.
Au début des années 1960, ces départs lointains ont été relayés par les mouvements de travailleurs migrants vers l'Europe industrielle (Allemagne en priorité), cette fois-ci surtout de la Grèce du Nord (Macédoine et Thrace). L'éloignement n'était pas suffisant pour rompre des liens permanents avec le pays d'origine : mariage, éducation des enfants, retours périodiques pour les vacances, réinvestissements dans la maison familiale ou l'exploitation agricole. Le maintien de ces relations justifia encore que, la crise des économies occidentales aidant, les retours l'aient emporté sur les départs dès le milieu des années 1970. Les conséquences n'en furent pas toutes favorables, même s'il reste une colonie hellénique nombreuse en Allemagne.
Le véritable renversement réside dans le retournement de la conjoncture migratoire qui fait de la Grèce une terre d'accueil. Vieillissement qui tarit le renouvellement de la population active, emballement de l'économie (construction, marine marchande, services, tourisme), enrichissement de la société grecque, ouverture des frontières de l'Europe communiste se conjuguent pour expliquer[...]
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Écrit par
- Guy BURGEL : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Classification
Médias