- 1. Le poids de l'histoire, le choc de la modernité
- 2. Une démographie de pays riche : malthusianisme et immigration
- 3. L'agriculture : résistances et disparités géographiques
- 4. L'industrie : développement et restructurations
- 5. L'échange : consommation intérieure et mondialisation
- 6. Des dissymétries régionales maintenues
- 7. Métropolisation et développement touristique : des remaniements des dynamismes géographiques
- 8. Bibliographie
GRÈCE Espace et société
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 456 000 (2024) |
Superficie |
132 049 km²
|
L'industrie : développement et restructurations
Si l'on veut prendre une mesure rapide de l'essor et des transformations de l'économie grecque, il faut considérer l'évolution de la structure des caractéristiques macro-économiques. En 1962, les exportations sont encore celles d'une nation sous-développée : les produits agricoles représentent 56 p. 100 de leur valeur, les matières premières 30 p. 100, les produits industriels moins de 9 p. 100. Au début des années 1980, les proportions respectives sont passées à 25 p. 100, 8 p. 100 et 44 p. 100. Trois décennies plus tard (2007), l'agriculture, l'élevage et la pêche ne contribuent que pour 4 p. 100 à la richesse nationale, l'industrie et la construction à 20 p. 100, le secteur tertiaire à 76 p. 100. En moins d'un demi-siècle, la Grèce est devenue un pays développé, échangeant avec l'étranger, notamment l'U.E. (près des deux tiers des importations comme des exportations hors hydrocarbures), des produits manufacturés et des services, et satisfaisant une partie de son marché intérieur, dont la demande s'est considérablement accrue en quantité et en qualité.
La mutation est particulièrement nette dans le domaine industriel, où l'on assiste à une profonde transformation des systèmes de production et à des remaniements importants des localisations. Les bouleversements pourraient s'ordonner sous le double signe d'une périodisation banale qui fait se succéder les phases d'industrialisation (années 1960), de diffusion (années 1970) et de restructuration (depuis les années 1980) et d'une exceptionnelle flexibilité des acteurs économiques. Aux activités classiques fondées à l'origine sur la production agricole (alimentation, tabac, textile), se sont ajoutés des secteurs plus modernes et concurrentiels (métallurgie, chimie, chantiers navals ou cimenteries).
Dans cet ensemble complexe, la régression des activités artisanales traditionnelles s'achève sous l'effet des produits manufacturés modernes et de la concurrence internationale. Seule la demande touristique en articles folkloriques a freiné le déclin de petits ateliers. Mais cet aspect très visible ne doit pas cacher l'importance du processus de substitution technique que l'industrie grecque a vécu : en quelques décennies, le pays a traversé toutes les révolutions industrielles des xixe et xxe siècles.
Une pareille mutation ne peut s'expliquer que par la conjonction des efforts de l'État, des investisseurs étrangers, mais aussi d'entreprises nationales particulièrement dynamiques. Dès la fin de la reconstruction économique après le second conflit mondial et la guerre civile, l'État a su créer les conditions de l'essor : infrastructure énergétique, lancement d'un programme routier, mesures d'incitation et de protection des capitaux étrangers. Cette action a été relayée par les décisions de Grecs cosmopolites, très liés à la finance internationale, et renforçant les secteurs de base de l'industrie. Mais d'une manière plus générale, la Grèce s'est trouvée en situation favorable pour attirer les capitaux étrangers : régimes politiques musclés, main-d'œuvre bon marché, augmentation du pouvoir d'achat, possibilité d'atteindre des pays proches moins développés. L'entrée dans l'Europe et la mondialisation des échanges ont encore accéléré cette tendance à l'internationalisation de l'industrie grecque, qui a un demi-siècle (raffinerie Esso-Pappas et Coca-Cola à Thessalonique, Péchiney et Aluminium de Grèce pour les bauxites du Parnasse, ou pneumatiques Pirelli à Patras).
L'autre caractéristique remarquable est la permanence des déséquilibres géographiques de l'activité industrielle. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tout a concouru[...]
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Écrit par
- Guy BURGEL : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Classification
Médias