- 1. Le poids de l'histoire, le choc de la modernité
- 2. Une démographie de pays riche : malthusianisme et immigration
- 3. L'agriculture : résistances et disparités géographiques
- 4. L'industrie : développement et restructurations
- 5. L'échange : consommation intérieure et mondialisation
- 6. Des dissymétries régionales maintenues
- 7. Métropolisation et développement touristique : des remaniements des dynamismes géographiques
- 8. Bibliographie
GRÈCE Espace et société
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 456 000 (2024) |
Superficie |
132 049 km²
|
L'échange : consommation intérieure et mondialisation
Le commerçant grec est aussi vieux que l'histoire du pays. Et la croissance économique a encore accru toutes les formes d'échanges. La prolifération dans l'ensemble des régions des grandes chaînes de distribution n'a pas fait disparaître la boutique à tout vendre (pantopolion) ou, plus communément encore, le kiosque. Ils confirment l'impression d'économie à deux vitesses, beaucoup plus que d'archaïsme résistant à la modernité.
Le maître mot de l'économie grecque a longtemps été la consommation des ménages, qui a soutenu la croissance, au prix d'un endettement structurel, d'une inflation difficilement jugulée pour se contenir dans les critères de Maastricht (4,2 p. 100 officiellement en 2008), et d'une balance commerciale en déficit aggravé (25 milliards d'euros en 2009). Les importations ne cessent de croître sous l'effet de la diversification et de l'élévation de la demande intérieure. Certes, la facture pétrolière est lourde, mais l'importation de produits de consommation domestique coûte encore plus cher, et la balance des échanges se détériore. C'est souligner le mystère constant de l'économie grecque depuis plusieurs décennies : une spirale ascensionnelle qui frise le vertige, une croissance bien visible qu'envieraient bien des pays européens plus équilibrés. La crise financière de 2010 a certes rompu le charme. Mais si l'État est en faillite, les Grecs ne sont pas ruinés, tant la société a construit longtemps son progrès sur ses ressorts propres. Ce n'est pas une des moindres contradictions que le traitement de cheval imposé à la Grèce par les instances internationales et européennes ne réduise encore les moyens de l'État, dans un pays qui n'en a jamais vraiment disposé.
Heureusement, la Grèce a encore la chance de posséder deux ressources spécifiques : le tourisme international et la marine marchande. La mer et le soleil, associés au pèlerinage antique, expliquent le succès de l'attractivité du pays. Contribuant toujours à environ un sixième du P.I.B. et de l'emploi national, l'activité touristique est un moteur de l'économie grecque. Avec près de 17 millions d'arrivées de touristes étrangers en 2013, l’activité se maintient. Les origines plus lointaines (Américains, Japonais) s'ajoutent désormais en effectifs croissants aux Européens normalement les plus nombreux. Mais de très fortes dissymétries géographiques se relèvent toujours : la région athénienne, les Cyclades et Rhodes, la Crète, regroupent les flux les plus importants aussi bien de touristes intérieurs qu'étrangers. Pourtant, la concentration spatiale et la contraction de la saison touristique sur quelques mois d'été entraînent une menace permanente sur des écosystèmes fragiles. Elles s'ajoutent à des faiblesses structurelles remarquables (importance des petites unités hôtelières familiales à côté de grands complexes intégrés en Chalcidique, en Crète orientale ou à Rhodes, coût élevé de la vie), pour inquiéter les observateurs sur la compétitivité du tourisme grec face à ses concurrents immédiats, notamment la Turquie et, plus récemment, le retour de la riviera dalmate (Croatie).
Finalement, la marine marchande peut apparaître comme une valeur encore plus sûre et plus stable. Avec ses pavillons de complaisance classiques (Liberia, Panama, Chypre), la flotte grecque est parmi les toutes premières du monde (plus de 16 p. 100 du tonnage total en 2007). Elle sillonne les mers du globe, tandis qu'une flottille nombreuse, et en renouvellement rapide, dessert les îles de l'Égée. Mais là encore, l'avenir est incertain. Au début des années 1970, la marine marchande grecque a joué un rôle décisif dans l'ouverture au monde de l'économie chinoise. Aujourd'hui,[...]
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Écrit par
- Guy BURGEL : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Classification
Médias