- 1. Le poids de l'histoire, le choc de la modernité
- 2. Une démographie de pays riche : malthusianisme et immigration
- 3. L'agriculture : résistances et disparités géographiques
- 4. L'industrie : développement et restructurations
- 5. L'échange : consommation intérieure et mondialisation
- 6. Des dissymétries régionales maintenues
- 7. Métropolisation et développement touristique : des remaniements des dynamismes géographiques
- 8. Bibliographie
GRÈCE Espace et société
Capitale | Athènes |
Langue officielle | Grec |
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
9 456 000 (2024) |
Superficie |
132 049 km²
|
Métropolisation et développement touristique : des remaniements des dynamismes géographiques
Les résultats du recensement de 2001 ont retouché cette architecture de l'espace grec, qui semblait immuable. L'immigration étrangère a redressé la démographie du pays. Mais tout aussi significatives apparaissent les poussées inégales de cette croissance inespérée. L'Attique, qui contient l'essentiel de la région urbaine-capitale, a connu un rythme d'évolution égal au reste du pays, et représente toujours, avec ses 3,8 millions d'habitants, un bon tiers de la population nationale. Pourtant le phénomène le plus inattendu est sans doute l'effritement de la colonne vertébrale du développement grec, de Patras à Thessalonique. Dans le Péloponnèse, l'Akhaïe (le département de Patras) et la Corinthie ne font guère mieux que la moyenne nationale. Vers le nord, en Grèce centrale et en Thessalie, l'axe est véritablement coupé. Il faut atteindre les confins macédoniens de la métropole du nord, pour retrouver de fortes croissances. Les dissymétries régionales ne sont plus le maître mot de l'espace grec.
La métropolisation les a supplantées. À elles seules, les deux régions métropolitaines du pays dépassent 45 p. 100 de la population totale. Bientôt, la barre symbolique de la moitié sera franchie. Partie tard, l'urbanisation grecque a atteint rapidement des records extrêmes, même si dans tous les départements, les petites villes, dopées par les services publics (éducation, santé) et privés (commerces), accueillent l'essentiel des dynamismes. Seule la Crète (620 000 habitants environ), paraît échapper à cette exclusivité de la croissance hypertrophiée, certainement parce qu'elle a connu un exode rural plus limité et qu'elle a su avec bonheur concilier développement agricole, expansion industrielle et tertiaire, et progression touristique.
En fait, l'influence du tourisme, notamment littoral, est la deuxième tendance remarquable. De nombreux départements insulaires sont en tête des taux de croissance démographique. Des zones de montagne, très dépeuplées, participent elles-mêmes à ce regain de vitalité. Car s'il faut compter avec les artifices des regroupements communaux introduits par le plan « Kapodistria » de 1997 et la réforme administrative « Kallikratis » de 2010, qui renforce les pouvoirs locaux, et surtout avec les enregistrements de complaisance dans les petites localités dont sont originaires nombre de citadins, le mouvement de reprise démographique est indéniable, souvent sous la dépendance des consommateurs originaires des grands centres urbains, tant les Grecs restent extraordinairement attachés à leurs contrées d'origine.
Au total, la Grèce peut laisser une impression d'incertitude. L'accroissement des inégalités sociales, l'accentuation des disparités spatiales, le creusement des déficits publics ont accompagné l'essor économique. Le rattachement au Marché commun, avant l'Espagne et le Portugal, a concrétisé cette unité. Le début du xxie siècle a été marqué par des réussites notables : métro athénien, inauguration du nouvel aéroport international Elefthérios-Vénizelos dans la capitale, ouverture du pont maritime Rion-Antirion sur le golfe de Corinthe, achèvement de la voie Egnatia entre l'Adriatique et la Turquie. Le succès des jeux Olympiques de 2004 a permis à la Grèce de faire connaître ces performances. Mais l'endettement, le déficit extérieur, l'impuissance des gouvernements successifs à régler le cours des réformes structurelles (éducation, fiscalité, intégration des étrangers) maintiennent une profonde instabilité dans la société grecque, dont la crise aiguë de 2010-2011 n'est finalement que le signe le plus apparent. L'ingéniosité historique, la flexibilité entrepreneuriale, le goût prononcé et efficace[...]
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Écrit par
- Guy BURGEL : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
Classification
Médias