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GRÈCE Langue et littérature

Le grec moderne est la forme à laquelle a abouti actuellement la langue grecque au cours de sa très longue évolution qui n'a subi aucune rupture de continuité. C'est la langue qui est en usage dans les limites de l'État hellénique, mais aussi dans les différents centres où, depuis des époques diverses, les Grecs sont installés : terres « irrédimées », colonies diverses, émigration, etc. Actuellement, comme jadis, la langue maintient chez tous les Hellènes le sentiment d'une communauté, en dépit de tout ce qui peut les diviser. Elle représente, pour eux, la perpétuation d'une tradition antique et de la tradition chrétienne, qui doit au grec sa diffusion dans le monde européen.

Par littérature grecque moderne, on entend un ensemble d'œuvres écrites ou orales dont la langue grecque moderne constitue le véhicule. Certes, les limites en sont difficiles à tracer ; le nouveau n'existe qu'au sein de l'ancien, et les racines de la littérature néo-hellénique s'enfoncent dans la période byzantine. Or une ligne de démarcation établie au xe siècle ne serait, dans une certaine mesure, que conventionnelle. À partir de ce siècle, le nouvel esprit, tout en coexistant avec l'ancien longtemps encore, ne cesse de lutter pour son affranchissement : il s'agit de dépasser les contradictions culturelles, d'arriver à une synthèse à la fois nationale et linguistique. Parfois, cette synthèse fut partiellement atteinte (littérature crétoise, chansons populaires). Mais les antinomies de la société grecque sont trop profondes pour permettre une conciliation définitive au seul niveau d'une superstructure.

La langue savante écrite (catharévousa) entreprit, au cours des derniers siècles, de supplanter la langue populaire parlée (démotiki). À la fin du xixe siècle, la « question de la langue » connut un tournant décisif ; la génération dite de 1880 réussit à imposer la langue populaire. Aussi doit-on garder en mémoire que la littérature grecque moderne, marquée par la longue controverse linguistique, porte les traces de ces vicissitudes et de ces contradictions.

Langue

Caractères extérieurs

Le domaine hellénique a toujours conservé une relative homogénéité dans l'ensemble des langues indo-européennes au lieu d'aboutir à des langues différentes. Le grec moderne confirme ce caractère. Cependant, à l'intérieur même de la langue, l'unité est loin d'être réalisée. En effet, le grec moderne présente trois aspects : démotique, dialectal et savant (catharévousa). Le grec démotique représente le résultat de l'évolution naturelle de la langue depuis la koinè hellénistique en passant par la koinè byzantine. C'est aujourd'hui la langue communément parlée par les Grecs (aux différences dialectales près). Jadis langue essentiellement parlée, la démotique a conquis, au xixe et au xxe siècle, l'usage littéraire et une partie des usages techniques. Les dialectes qui se sont constitués au cours du Moyen Âge et en plusieurs étapes posent de nombreux et délicats problèmes (origine, répartition, classification, etc.). Certains d'entre eux ont même donné naissance à des littératures locales. La démotique s'est constituée en partant principalement des dialectes méridionaux. Néanmoins, les dialectes tendent à reculer devant la langue démotique commune. La langue savante n'est guère unifiée. Elle atteste des usages différents selon des dosages variés d'archaïsme (langue très savante, langue savante courante, langue mixte). C'est la langue de tout ce qui est officiel. De caractère artificiel, elle s'aligne sur l'actuelle prononciation malgré sa prétention à reconstituer l'ancienne langue. Elle s'écarte de la démotique par la morphologie et surtout par le vocabulaire. Ce conflit entre « purisme » et « démotisme », dont les origines sont lointaines[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée
  • : membre de l'Institut
  • : professeur de littérature néo-hellénique à l'université de Salonique

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